" la mobilité choisie " … la belle histoire de M. BEZARD

Il était une fois, un livre intitulé « Le document stratégique » qui racontait comment un gentil Directeur général des Finances publiques allait faciliter « Les changements de métier », afin de « répondre à l’attente de ses agents qui aspiraient à bénéficier de perspectives professionnelles élargies et de valoriser les synergies permises par la fusion »

Ainsi les agents pouvaient désormais rêver à l’avènement d’un monde nouveau ou du moins à la création d’un nouvel « espace professionnel unifié, puissant levier pour favoriser le développement d’une culture commune » qui permettrait « à tous les agents de bénéficier de règles de gestion harmonisées et d’une mobilité fonctionnelle et/ou géographique choisie », un monde où « le décloisonnement entre les métiers allait être encouragé ».

Et ce rêve Monsieur Bézard voulait le réaliser très vite et même « le plus rapidement possible dans la réalité des carrières offertes aux agents et aux cadres » pour favoriser « l’accélération de la convergence des règles de gestion dès 2014 » les cadres seraient « invités, s’ils souhaitaient accéder à des responsabilités plus importantes, à occuper un poste en dehors de leur domaine professionnel d’origine ».

Pour les agents qui voulaient le suivre dans ce monde merveilleux, Monsieur Bézard avait inventé une application appelée "Agora Vœux", qui comme le génie de la Lampe magique, permettait d’exaucer les souhaits des agents, désormais libres de changer de filière, ainsi que Monsieur Bézard les y encourageait avec tant d’enthousiasme et de bienveillance.

Mais la DRFIP de Corse, à l’issue, selon le Directeur du Pôle Pilotage et Ressources, d’une « réflexion collégiale » de l’ensemble de ses membres, avait décidé que les agents de Corse du Sud ne vivraient pas dans le Monde merveilleux de la démarche stratégique.

« Vous êtes bien naïf », dit Monsieur Sorba à un cadre de la filière gestion publique venu demander, avec l’assistance des délégués syndicaux, les raisons de l’avis défavorable émis à sa candidature sur des postes de la filière gestion fiscale, « tout le monde sait que les règles unifiées, ce n’est pas pour tout de suite ».

Monsieur Bézard aurait menti ? L’agent ne parvint pas à le croire et demanda à Monsieur Sorba si la Direction Générale avait expressément ordonné aux Directions locales de jouer un rôle d’écluse pour éliminer tous les candidats d’une filière postulant à des postes à profils sur l’autre filière.

« C’est ce qui a été décidé en Corse du Sud », répondit Monsieur Sorba

« Mais, insista l’agent, cela veut donc dire que les autres Directions appliquent les règles unifiées dès à présent et que des candidats issus de la filière gestion publique dans d’autres départements, avec peut-être un profil qui correspond moins que le mien à ceux recherchés, pourront postuler sur ces emplois en ayant, de la part de leur Direction locale un avis favorable qui valorisera leur candidature par rapport à la mienne ? ».

« Peut-être, répondit Monsieur Sorba, et peut-être même que la motivation de cet avis favorable sera le fruit d’une volonté de la part de leur direction d’origine de se débarrasser d’eux (mais ce n’est pas ce que nous faisons en Corse du Sud) ».

Les délégués syndicaux arguèrent alors qu’il y avait là une rupture flagrante d’égalité, une logique arbitraire et une injustice insupportable. Monsieur Sorba, répondit par un sourire énigmatique laissant l’agent et les représentants avec des questions sans réponses :
Pourquoi les agents de Corse du Sud n’auraient-ils pas le droit de vivre dans le Monde merveilleux de Monsieur Bézard ?

Peut-être qu’il est temps de cesser de croire aux contes de fées …

Les « règles de gestion harmonisées » censées ouvrir des perspectives aux agents dans le cadre d’une « mobilité fonctionnelle et/ou géographique choisie » ne sont-elles pas un mirage destiné à cacher la réalité ? En effet les Directions qui n’hésitaient déjà plus à déplacer les agents comme de vulgaires pions, y compris contre leur gré et contre l’intérêt des services, disposeront désormais d’un vivier élargi pour procéder à des réorganisations brutales. Mobilité choisie … le choix arbitraire des directions locales et non pas à celui des agents.

On peut également se demander si l’incohérence du discours de la Direction locale, la contradiction entre les belles histoires que nous conte l’administration centrale et la réalité où ne règne qu’un pragmatisme impitoyable ne seraient pas la cause du mal qui ronge depuis plusieurs années maintenant notre administration dont les cadres dirigeants ne parviennent plus à masquer les symptômes évidents d’une schizophrénie déclarée !