Section F.O.-DGFiP du LOIRET
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Pendant trois jours, 51 agents publics ont mis les mains dans le cambouis du cloud interministériel Nubo, opéré par la direction des impôts, pour se familiariser avec son fonctionnement et ses capacités. Un événement pensé, aussi, pour propager la culture et les méthodes associées à ce nouveau mode de conduite de projet informatique, courant dans le privé, mais encore récent dans les administrations.
Le “Nubothon” s’est déroulé du 14 au 16 mars au Cisirh, un service du ministère de l’Économie.
Faire du cloud le mode privilégié de conduite des projets informatiques dans l’administration. Telle était la promesse du gouvernement dans sa doctrine “Cloud au centre” de 2021, la deuxième depuis 2018. “Il importe que l’État conserve une capacité d’hébergement en nuage interministérielle interne, mutualisée et opérationnelle, afin d’assurer sa souveraineté dans ce domaine”, écrivait le Premier ministre de l’époque, Jean Castex, dans cette circulaire qui posait la règle du recours systématique au cloud pour tout nouveau projet numérique ou projet d’évolution substantielle.
À commencer par les offres de cloud interministérielles orchestrées par le ministère de l’Intérieur et la direction générale des finances publiques (DGFIP), capables d’accueillir des données particulièrement sensibles. Mais entre la théorie et la pratique, il y a un monde. Pour cela, rien de tel qu’une session de formation expresse de trois jours lors d’un “Nubothon”, un hackathon dédié au cloud interministériel de la DGFIP, Nubo, qui accueille les applicatifs de la direction des impôts, mais aussi des autres ministères, comme la solution d’archivage électronique Vitam as-a-service, la plate-forme de formation en ligne Mentor, ou bien encore certaines briques de FranceConnect.
Ce projet de hackathon a été imaginé de longue date, afin d’accélérer la prise en main de l’offre par les équipes ministérielles, mais avait été repoussé pour cause de crise sanitaire. “Le hackathon offre une formation très pratique, avec une expérience à la clé qui peut être directement valorisée par les agents participants”, explique Vincent Coudrin, le “Monsieur Cloud de l’État” à la direction interministérielle du numérique (Dinum).
Pendant trois jours, du 14 au 16 mars, 51 “nubonautes” sont donc partis à la découverte du cloud Nubo de la DGFIP et ont mis “les mains dans le cambouis” pour se familiariser avec son fonctionnement et ses capacités. “L’environnement de travail leur a été préparé à l’avance pour qu’ils n’aient plus qu’à manipuler l’outil et se faire une idée concrète des services proposés par Nubo”, explique Frédéric Perdu, chargé de mission “Cloud et hébergement” au secrétariat général de Bercy.
Automatisation de l’application
Répartis en équipes de 4 à 5 personnes, les agents ont pu accéder au cloud Nubo depuis un poste sécurisé, étape incontournable pour répondre à un défi. Tous sont partis d’une même application prétexte de prise de rendez-vous interadministrations, conçue avec les technologies et les logiques d’il y a quinze ans, qu’il leur fallait “cloudifier”, selon le jargon en vigueur, pour en automatiser le déploiement et pouvoir tirer le plein potentiel du cloud, et notamment de son élasticité. C’est-à-dire sa capacité à s’adapter rapidement à l’évolution, parfois soudaine, des besoins, à mesure qu’une application gagne de nouveaux utilisateurs, par exemple.
Une fois passée l’étape de la connexion au wi-fi du lieu d’accueil – le centre interministériel de services informatiques relatifs aux ressources humaines (Cisirh) –, les agents ont pu se concentrer sur l’un des 4 axes d’amélioration et d’automatisation du fonctionnement de l’application, par exemple sur son déploiement ou son observabilité. “L’objectif est d’automatiser tout ce qui relève de la supervision de l’application, de ses performances, de son état de santé général”, traduit Mourad Amziani, chargé de mission “cloud” à la direction du numérique de l’État.
À chaque groupe de définir son axe de travail, sans objectif ni trajectoire fixée par les organisateurs. “Chaque équipe avance à sa manière et on ne leur dit pas comment procéder, mais elles peuvent s’appuyer sur de la documentation et des coaches issus des squads de transformation cloud de la Dinum et de l’équipe Odin de la DGFIP qui accompagne habituellement les « clients » de Nubo”, explique Vincent Coudrin.
Généraliser le “mode cloud”
Avec ce hackathon, Bercy et la Dinum cherchent à encourager l’utilisation des ressources interministérielles comme Nubo, qui ne demande qu’à l’être. “Le cloud Nubo double ses capacités tous les ans, c’est dire l’intérêt qu’il suscite, fait valoir Frédéric Perdu. Et si nous n’étions pas en mesure d’accueillir d’autres applicatifs, nous n’organiserions par ce type d’événement.”
Aujourd’hui le cloud Nubo a une capacité de 8 000 machines virtuelles, contre 12 000 pour son grand frère du ministère de l’Intérieur, le cloud PI, lancé quelques années plus tôt. Et il commence à le surpasser en termes d’offre de services. Du moins pour un temps, puisque le ministère de l’Intérieur a déjà entamé la construction de son cloud nouvelle génération. Mais point de concurrence ici. Chacune des deux offres a son périmètre et ses caractéristiques propres, qui continueront d’évoluer au fil de leur construction et consolidation. “Le principal élément différenciant réside dans la capacité pour le ministère de l’Intérieur de traiter des informations de niveau « diffusion restreinte »”, résume Mourad Amziani.
Avec le Nubothon, l’idée est donc d’inciter les administrations à s’emparer du cloud Nubo, mais aussi de diffuser un peu plus la culture du cloud pour ainsi réussir, dans la pratique, à lancer tous les nouveaux projets numériques en mode cloud, comme l’exige la doctrine “Cloud au centre”. “Ce n’est pas au nombre d’infrastructures physiques que l’on mesure la vraie transformation en cours, mais au nombre d’agents acculturés qui pourront ensuite mener des transformations”, souligne Vincent Coudrin, dont la direction mobilise, justement, des squads de transformation cloud pour mener des projets certes, mais surtout faire évoluer les pratiques en dispensant des formations.
18 administrations participantes
Ce genre d’événement reste donc utile pour sensibiliser au cloud Nubo en lui-même, mais aussi à la “méthode cloud”, qui implique une refonte des pratiques et de l’organisation des équipes numériques, et notamment le rapprochement des équipes de développement et d’exploitation. Les organisateurs ont d’ailleurs eux-mêmes constitué les équipes pour mélanger les profils, en fonction de leur spécialité (développeur, architecte, chef de projet…), de leur niveau d’expertise et de connaissance de Nubo, et de leur administration d’origine pour croiser les regards.
Derrière les agents participants, on retrouve 18 administrations, principalement des ministères, mais aussi certains opérateurs, comme le Centre Pompidou et Santé publique France. La moitié d’entre elles environ ont déjà eu recours au cloud Nubo, tandis que l’autre moitié n’y a jamais eu affaire. Pas sûr que les trois jours de ”Nubothon” aient suffi à en faire de véritables experts, mais ils leur auront au moins permis de leur mettre le pied à l’étrier. (sic)
Par Emile Marzolf, Acteurs Publics le 20 mars 2023