Rémunération au mérite : du leurre dans les épinards

Décidemment rien ne ressemble plus à l’ancien monde que le nouveau et la vie politique française est un éternel recommencement qui pour les fonctionnaires va souvent dans le même sens.

En 2008 Eric Woerth alors Ministre du Budget et de la Fonction publique déclarait « les fonctionnaires qui réussissent mieux seront mieux payés ». En annonçant la
première série de mesure du programme CAP22 le Premier Ministre Edouard Philippe ne dit pas autre chose en parlant de mieux récompenser « le mérite individuel, l’implication, les résultats » comme piste pour « assouplir
 » le statut des fonctionnaires.

« LA PERFORMANCE NE SE MESURE PAS COMME DANS L’ENTREPRISE »

Pourtant depuis les premières tentatives d’applications concrètes en 2003 pour les hauts fonctionnaires et dans la police les effets négatifs de ce type de mesure sont largement connus : mise en concurrence des agents entre eux, dictature des indicateurs, désengagement, démotivation, attribution « à la tête du client », effet d’éviction des motivations intrinsèques comme le service rendu à l’usager, le sens du service public ou l’égalité de traitement au profit de motivation plus prosaïques comme en témoignent quotidiennement les ravages de la tarification à l’acte dans le secteur hospitalier.