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Code du travail : Comment Mailly est devenu l’homme-clé de la réforme

Réforme Code du Travail

Code du travail : Comment Mailly est devenu l’homme-clé de la réforme

Par Florian Fayolle le 30.08.2017 à 12h48, mis à jour le 30.08.2017 à 13h58

RENCONTRE Aux avant-postes de la lutte contre la loi travail de François Hollande, le syndicat Force Ouvrière négocie aujourd’hui avec le gouvernement. Son secrétaire général, Jean-Claude Mailly apprécie le changement et ne manifestera pas contre la réforme avec la CGT le 12 septembre.
Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvriere (FO), le 11 janvier 2016 à Matignon
Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière (FO), a remis sur les rails du réformisme son syndicat, naguère aux avant-postes de la lutte contre la loi El-Khomri.

Une forme olympique. A quelques jours de la publication du contenu des ordonnances portant sur la rénovation du Code du travail, Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière (FO), ne semble pas très inquiet. Et pour cause, ce syndicaliste de 64 ans est devenu l’homme-clé de la réforme. " Après son élection, Emmanuel Macron m’explique vouloir s’attaquer au Code du travail rapidement pour ne plus avoir à y revenir après, raconte Jean-Claude Mailly, qui tutoie le président. De mon côté, je lui ai dit : "Je te demande de lancer une véritable négociation et de mettre tout sur la table lors des discussions. Et surtout, n’oublie pas que nous avons des lignes rouges". Il m’a répondu : "OK, les ordonnances seront pour septembre et essayons la concertation".

Bloqué par le « mur » Hollande

Le leader de FO a-t-il a remis sur les rails du réformisme son syndicat, naguère aux avant-postes de la lutte contre la loi El-Khomri ? Oui, sans l’ombre d’un doute : " Je préfère ma position d’aujourd’hui à celle de 2016. L’an dernier, j’avais en face de moi un mur en la personne de François Hollande. C’est lui qui a poussé FO dans la rue en rejetant systématiquement toutes nos propositions. Emmanuel Macron est jeune et a peu d’expérience du dialogue social. Mais il sait s’entourer des bonnes personnes qui lui apportent de bons conseils ", explique-t-il sans ambages.

Selon Raymond Soubie, président du groupe de conseil en stratégie sociale Alixio et ex-conseiller social de Nicolas Sarkozy, c’est aussi le contexte qui a changé. "Jean-Claude Mailly n’a pas apprécié que le précédent gouvernement se soit appuyé sur un interlocuteur unique, la CFDT, pour faire passer ses réformes. D’où l’alliance un peu contre-nature entre FO et la CGT pour mener la fronde contre la loi travail. Mais cela a brouillé l’image du syndicat, d’où son recentrage actuel", analyse-t-il. D’ailleurs Jean-Claude Mailly a affirmé aux Echos que FO ne manifesterait pas avec la CGT le 12 septembre prochain.

Ce changement d’attitude est surtout dû à une petite victoire personnelle : il a réussi à convaincre Emmanuel Macron de redonner du pouvoir aux branches professionnelles alors que le président avait promis de décentraliser le dialogue social dans l’entreprise. "Les branches permettent d’éviter le dumping social et les distorsions de concurrence entre les entreprises. Grâce à elles, 90% des salariés français sont couverts par des conventions collectives", argumente-t-il. Problème, que souligne l’économiste Pierre Cahuc : avec cet arbitrage, la réforme du gouvernement risque de ne pas avoir d’impact sur l’emploi.

Dans les pas de Bergeron

Autre sujet de satisfaction pour Jean-Claude Mailly : la revalorisation des indemnités de licenciement obtenue en échange de la " barémisation " des indemnités prud’homales. "C’est une négociation sans signature à la fin. Du coup, tant que je peux pousser pour gratter des avancées, je le fais", commente-t-il. Une position ouverte mais sans complaisance, estime Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail, pour qui "il a remis son syndicat dans les pas d’André Bergeron, secrétaire général historique, le premier à avoir poussé FO à négocier". Jean-Claude Mailly a également su capter l’oreille de Muriel Pénicaud, la ministre du Travail en charge de la réforme. "Je la connais depuis près de trente ans. Elle a une vraie connaissance des sujets sociaux de par son expérience dans le privé et dans le public. Cela facilite les échanges : on se parle cash".

Serein malgré les remous

Dans sa démarche, le secrétaire général de FO peut compter sur le soutien de la CFDT, organisation réformiste. " Entre Laurent Berger et moi-même, le téléphone sonne. C’est l’autre grande nouveauté de cette réforme : il y a un dialogue intersyndical intense ", explique-t-il. Mais ce recentrage n’est pas sans provoquer quelques remous au sein de l’organisation. Des militants le critiquent : " Le projet d’Emmanuel Macron est d’aller plus loin que la loi El-Khomri. Alors pourquoi ne pas adopter la même attitude qu’en 2016 ? On a du mal à s’expliquer les prises de position de la confédération ", argumente l’un d’entre eux. Face à ces attaques, Jean-Claude Mailly est serein. " A FO, la parole est libre et différentes sensibilités s’expriment. J’ai toujours eu l’appui du bureau confédéral. Et puis, cela fait treize ans que je suis secrétaire général. J’ai toujours connu des grognards fidèles et des grognons râleurs comme les camarades bretons ", confie-t-il.

A quelques mois de sa retraite, Jean-Claude Mailly soigne-t-il sa sortie de scène ? Cela y ressemble. Après trois mandats, il devrait passer le flambeau à Pascal Pavageau, son dauphin, en avril 2018. Mais sur ses propres projets, il préfère rester -discret. " Je veux rester actif ", -assure-t-il.

MAKING OF En pleine forme, Jean-Claude Mailly nous reçoit entre deux rendez-vous, ce jeudi 24 août, dans son bureau situé au siège de la confédération Force ouvrière, dans le XIVe arrondissement de Paris. Comme ses camarades, il n’a pas pris beaucoup de vacances pendant l’été afin de négocier le contenu des ordonnances.