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Retraites L’éditorial de Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière, daté du mercredi 19 juin 2013

La Commission Moreau a remis son rapport au gouvernement, conformément à la commande passée par ce dernier.

À partir du moment où la logique économique libérale continue à sévir, les propositions formulées conduisent à des reculs de droits.

Il s’agit, en effet, de satisfaire au pacte budgétaire européen et aux « recommandations » de la Commission européenne.

En quelque sorte, pour être « crédible » il faut être impopulaire, pour être « courageux » il faut s’attaquer aux droits sociaux.

Ici, tout le monde est visé : salariés du privé, du public, jeunes et retraités.

C’est par exemple le cas s’agissant de l’allongement de la durée de cotisation (43 ans pour la génération née en 1962, 44 ans pour celle de 1966).

Les seniors, dont un sur deux n’est plus en activité au moment de la liquidation de sa retraite, devront continuer à travailler ! Comprenne qui pourra !

Non seulement cela alourdira les dépenses d’assurance-chômage et de minima sociaux, mais cela conduira de plus en plus les jeunes générations à s’arrêter avant le taux plein et à subir des décotes.

Comme au Royaume-Uni ou ailleurs, les retraités devront chercher des petits boulots pour joindre les deux bouts.

Les retraités, précisément, seront financièrement mis à contribution. La suppression de l’abattement de 10% conduirait ainsi 790.000 d’entre eux à être imposables et à perdre, en outre, certaines exonérations ou allocations liées à la non-imposition.

On oublie aussi de dire que nombre de retraités pratiquent aujourd’hui la solidarité financière vis-à-vis de leurs enfants ou petits-enfants au chômage.

S’agissant des fonctionnaires d’État, ils sont à nouveau stigmatisés.

Alors –ce qui est noté par le rapport– qu’il n’y a pas de différence public–privé en matière de taux de remplacement (Niveau de la retraite par rapport aux derniers salaires), le rapport propose quand même de revoir le mode de calcul des pensions. On se demande bien pourquoi, sauf à vouloir entamer, sans le dire, une remise en cause globale du statut des fonctionnaires et préparer pour après-demain un régime unique !

Et l’on ne parle pas de la CNRACL (caisse de retraite des territoriaux), depuis longtemps ponctionnée, et donc fragilisée, au titre de la compensation démographique.

Il appartient maintenant au gouvernement de faire connaître ses choix et notamment s’il envisage de se situer dans la même logique que les quatre contre-réformes précédentes, celles que la majorité actuelle contestait quand elle était dans l’opposition.

Au fait, à combien estime-t-on l’évasion fiscale (sans parler de la fraude) ? Entre 60 et 80 milliards d’euros par an ! De quoi régler sans difficulté les problèmes financiers des retraites, dont une part non négligeable est due à l’austérité.

Sacrifier le public, le privé, les jeunes et les retraités pour satisfaire les marchés financiers ou par crainte de ceux-ci, c’est effectivement un choix.