Section des Directions Nationales et Spécialisées
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Les mots du mois :management et manager

C’est un mot français qu’un détour outre-Manche a chargé d’une coloration qui en délavé le sens originel. Enraciné dans la langue du dressage équestre, ce terme désignait l’art de faire tourner des chevaux dans un manège.
Ni bon gouvernement, ni pouvoir absolu, le management est une posture-c’est un rôle à jouer au sens théâtral-, un ensemble d’attributs qui désignent un acteur dont la caractéristique principale est de disposer d’une équipe à encadrer.
Le manager joue plusieurs rôles :
 il sanctionne et promeut en évaluant « ses collaborateurs »
 il est l’animateur d’une équipe, littéralement celui qui donne une âme, c’est un acteur-totem chargé d’apporter de la cohésion.
 il est aussi un oracle qui décline les objectifs venus d’en haut, il les interprète et leur confère un sens intelligible pour ceux en charge de les atteindre au quotidien.
 il est investi d’un pouvoir par l’organisation tout en étant la colonne vertébrale sur laquelle s’appuie une direction pour relayer ses ordres.
 il a à voir avec la parole :parole impérieuse, parole politique,parole vide, parole consolatrice. N’est-il pas souvent porte-parole et chambre d’échos, traversé par les injonctions de l’organisation ?
La parole du manager donne à entendre toute une collection de mots qu’un entomologiste pourrait épingler dans de belles boîtes tels que:reporting, deadline, milestone, bypasser, bullet point, data mining que l’on peut traduire comme suit:rapport de situation,date limite,étape importante,écarter quelqu’un, puce (au sens typographique), exploration de données.
Souvent d’ascendance anglo-américaine, tantôt francisés, tantôt prononcés avec une pointe d’accent, ces mots paraissent dans le langage comme des incantations venant soutenir et techniciser la parole managériale et ainsi la rendre indiscutable mais la vider de sens aussi. Car ces mots relèvent d’un sens commun de l’organisation, c’est-à-dire d’un impensé d’expressions prêtres à l’emploi, sans aucune définition précise ni partagée. L’anglais managérial a remplacé le latin, conférant à cette parole l’autorité du sacré.
Si dans notre administration, en terme de management nous ne sommes pas encore parvenus au stade précédemment décrit en terme de communication managériale, on constate une augmentation de l’usage des anglicismes au risque de pénétrer de plus en plus dans ce processus de communication.
Pour FO-DGFIP, dans un avenir sombre en matière de suppression d’emplois et donc de conditions de travail qui se dégradent ;il est à craindre que les relations entre la hiérarchie et « les collaborateurs » se dégradent de plus en plus et que cette même hiérarchie soit de plus en plus encline à utiliser la novlangue, espérant ainsi contourner le malaise social.