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Comment Macron va faire baisser nos retraites

Macron et sa clique prétendent tout le monde sera gagnant avec leur système de retraite par points.
Mensonges !

Dans un article publié dans l’hebdomadaire Marianne, l’essayiste et politoloque Thomas Guénolé utilise les exemples de l’ARRCO, qui gère les retraites complémentaires de tous les salariés du privé, et de l’AGIRC, pour les cadres, pour démontrer que la retraite à points va, au contraire, toutes les faire baisser.

"La réforme Macron va faire baisser nos retraites à tous. Ceci vous concerne. Que vous soyez au régime général ou dans un des "régimes spéciaux", ceci vous concerne. Que vous soyez salarié du privé, chef d’entreprise, fonctionnaire, contractuel ou auto-entrepreneur, ceci vous concerne. Que vous soyez employé de bureau ou employé de mise en rayon, caissière ou intermittent du spectacle, chef d’entreprise ou cheminot, sage-femme ou notaire, ouvrier ou infirmière, médecin libéral ou médecin du public, prêtre ou docker, architecte ou pharmacienne, ceci vous concerne – car ceci nous concerne tous.

La retraite "à points" va faire baisser votre retraite. Voici comment. Une variante plus brutale de ce stratagème consiste à carrément ne pas augmenter la valeur de service. Dans un système de retraites "à points", chaque mois, vos cotisations vous servent à acheter des points. Vous accumulez ces points tout au long de votre carrière. Puis, lorsque vous partez à la retraite, la valeur de votre stock de points vous donne la valeur de votre pension de retraite. Mais attention : la valeur des points quand vous les achetez (valeur d’achat), n’est pas la même que la valeur des points quand vous les utilisez pour partir en retraite (valeur de service). Avec ce système, deux grands stratagèmes feront baisser votre retraite.

En pouvoir d’achat réel, votre retraite va baisser.

>Stratagème n°1 : faire monter la valeur de service moins vite que les prix

Une variante plus brutale de ce stratagème consiste à carrément ne pas augmenter la valeur de service. Dans les deux cas, dès lors que pendant ce temps les prix montent, votre retraite baisse en pouvoir d’achat réel. Soi-disant pour éviter cela, le Premier ministre Édouard Philippe a promis une "règle d’or". Le 11 décembre 2019, il a ainsi déclaré que la valeur de service des points serait indexée sur les salaires. Et puisqu’en France les salaires montent plus vite que les prix, il dit que cela protègera le pouvoir d’achat réel des futurs retraités.

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Problème : cette idée de "règle d’or" avait déjà été utilisée pour protéger le rendement du Livret A. Or, elle a fini par être remise en cause, en catimini, de sorte qu’aujourd’hui le rendement réel du Livret A n’est plus protégé -(NDLR : le Livret A dont le taux vient d’être diminué de 0,75 à 0,50 %). Il est donc raisonnable d’anticiper que si le même genre de règle d’or protège le pouvoir d’achat des retraités, elle finira par sauter elle aussi. Autrement dit, quoi qu’en dise Édouard Philippe, la valeur de service des points de retraite finira par monter moins vite que les prix (ou par être gelée). Et donc, en pouvoir d’achat réel, votre retraite va baisser.

>Stratagème n°2 : faire monter la valeur d’achat des points plus vite que leur valeur de service (et plus vite que les salaires)

Rappel : la valeur d’achat est le prix auquel vous achetez vos points de retraite au fil de votre carrière, la valeur de service est ce qu’ils valent quand vous les utilisez pour partir à la retraite. Donc, si au fil des ans la valeur d’achat monte plus vite que la valeur de service, alors, en achetant le même stock de points au fil des mois, vous obtiendrez une pension de plus en plus basse.

Autre rappel : le stock de points que vous achetez au fil des mois dépend du montant de vos cotisations sociales, et vos cotisations sociales sont un pourcentage de votre salaire brut. Donc, si en plus de monter plus vite que la valeur de service, la valeur d’achat du point de retraite monte plus vite que les salaires, il y a "double peine" : non seulement vos points vous donneront droit à une pension qui baisse, mais le stock de points que vous achetez chaque mois va lui aussi baisser.

Soi-disant pour éviter cela, le Premier ministre Edouard Philippe a affirmé que la valeur de service du point de retraite serait supérieure de 5,5% à sa valeur d’achat. Cependant il ne faisait que citer le rapport Delevoye. Ce n’est donc qu’un pronostic, qui ne l’engage à rien. Autrement dit, il ne fournit aucune garantie de rendement de la valeur de service par rapport à la valeur d’achat.

>La retraite "à points" existe déjà en France : ce sont les retraites complémentaires Agirc-Arrco (et elles ont massivement baissé)

En France, l’ARRCO procure les retraites complémentaires de tous les salariés du privé, et l’AGIRC lui en ajoute une pour les cadres. Ce système "Agirc-Arrco" est un système de retraites à points. En observant son évolution, on peut donc raisonnablement anticiper ce qui va arriver à nos retraites si la réforme Macron les transforme en système à points.

Le constat est sans appel : depuis 2002, ces retraites à points Agirc-Arrco ont massivement baissé, en utilisant le stratagème n°2 précédemment cité.

Puisque cette réforme est donc foncièrement inutile en plus d’être injuste, la retirer serait une simple mesure de bon sens.

Côté Agirc, la valeur d’achat du point a augmenté de 40% alors que sa valeur de service n’augmentait que de 17%. Côté Arrco, la valeur d’achat a monté de 43% alors que la valeur de service n’augmentait que de 17%. Le prix du point à l’achat a donc augmenté plus de deux fois plus vite que sa valeur de service. Autrement dit, il s’est passé ceci : en achetant le même stock de points mois après mois, les salariés ont obtenu des retraites complémentaires de plus en plus basses.

>Rappel : on n’a pas besoin d’une réforme des retraites !

L’argument répété en boucle, selon lequel "le déficit" des régimes de retraite rendrait une réforme absolument indispensable, est faux. L’économiste Gilles Raveaud l’a expliqué : "Les retraites, il se trouve que c’est un sujet où l’action publique a agi. (…) Lionel Jospin avait mis en place un fonds de réserves pour les retraites, doté de plus de 30 milliards. (…) D’autre part, les retraites complémentaires ont aussi des fonds de réserves qui atteignent 116 milliards d’euros. Donc, au bas mot, on a 150 milliards de réserves pour les retraites. (…). [Par ailleurs], qui se souvient de la Cades [caisse d’amortissement de la dette sociale, qui prend en charge la dette sociale] ? En 2024, la Cades aura fini de rembourser la dette de la Sécu et dégagera encore 24 milliards d’euros […]. En fait, il n’y a pas de problème de financement des retraites." Puisque cette réforme est donc foncièrement inutile en plus d’être injuste, la retirer serait une simple mesure de bon sens.