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- Article publié le 26/01/2011
Le besoin de solidarité : De la Tunisie à la dépendance
L’Éditorial de Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière, daté du mercredi 26 janvier 2011
Le besoin de solidarité : De la Tunisie à la dépendance
La révolution tunisienne, dans laquelle nos camarades de l’UGTT ont été et sont partie prenante, revêt un caractère historique. Les effets de la crise économique internationale et ses impacts sur l’emploi, le niveau de vie et le prix des matières premières ont joué un effet déclencheur. L’importance du taux de chômage chez les jeunes et particulièrement chez les jeunes diplômés en est un des éléments. Il faut y ajouter la volonté du peuple tunisien d’obtenir les libertés fondamentales, c’est-à-dire de mettre fin à un régime de caractère dictatorial.
Dans les faits et dans les têtes les deux choses sont étroitement liées. C’est en quelque sorte l’exigence du pain et de la liberté.
Dès le départ nous avons soutenu nos camarades de l’UGTT avec qui nous sommes en relation et que nous avions rencontrés, à leur invitation, en Tunisie, il y a trois ans, au moment des émeutes de Gafsa.
On ne peut que souhaiter que la liberté et la démocratie s’installent et qu’il soit effectivement répondu aux revendications légitimes des travailleurs.
Les évènements doivent interpeller les gouvernants, notamment ceux du G20 que la France préside actuellement. Il y a urgence à remettre en cause le modèle capitaliste libéral et financier. Parmi les revendications à satisfaire, rappelons qu’il faut obtenir le respect contrôlé des normes internationales fondamentales du travail, normes qui doivent s’imposer à l’action d’organismes comme le FMI, l’OMC ou la Banque mondiale.
De la même manière, il y a selon nous urgence à revoir les modalités et priorités de la construction européenne afin de remettre le social en priorité et l’économique en outil.
On ne sort pas d’une crise en réutilisant ou en accentuant les remèdes à l’origine de la crise.
On sort d’une crise en changeant de modèle.
Ou alors, c’est comme le Mediator : on sait que le remède peut être dangereux, mais on continue à le prescrire.
J’en profite, à propos du Mediator, pour dénoncer les propos de ceux qui, tel Martin Hirsch, stigmatisent les salariés que sont les visiteurs médicaux. Il est curieux que de tels propos soient tenus quand on sait par ailleurs que les employeurs veulent diminuer fortement le nombre des visiteurs médicaux. « Quand le doigt montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. »
Autre point d’actualité : le dossier dépendance. Nous avons expliqué aux ministres concernés que les ordonnances de 1945, issues du Conseil national de la Résistance, ont créé la Sécurité sociale actuelle comme devant permettre de répondre aux aléas de la vie. La dépendance en est un et doit donc relever de la Sécurité sociale et plus particulièrement de l’assurance-maladie.
Il s’agit d’un cinquième risque qui doit être assuré par une couverture universelle, ce qui n’exclut pas, comme pour l’assurance-maladie, des couvertures complémentaires.
Dans cet esprit, la CNSA* doit intégrer le champ de l’assurance-maladie. Il faut également une définition universelle des critères de dépendance, ainsi qu’une nomenclature des actes hors soins, s’agissant notamment du maintien à domicile. C’est une question d’égalité de droit, mais aussi une nécessité pour la qualification et la classification des personnels concernés.
En matière de financement, nous avons plaidé pour une cotisation Sécurité sociale et pour une augmentation de la CSG touchant les revenus non soumis à cotisation (par exemple les revenus financiers).
Cela signifie en particulier que nous sommes opposés à ce que ce soient les assurances privées, même sur la base d’un cahier des charges, qui investissent la dépendance comme on investit un marché. Rappelons d’ailleurs que les frais de gestion de la Sécurité sociale sont nettement inférieurs à ceux des assurances.
Nous aurons bien entendu l’occasion de parler de tout cela au congrès.
De la solidarité internationale à la solidarité nationale, c’est aussi cela l’activité du syndicalisme libre et indépendant.
* Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie.
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