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L’Éditorial de Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière,daté du mercredi 6 octobre 2010

Maintenant, quelles suites ?

Au-delà des déclarations gouvernementales qui veulent toujours afficher une décrue de la mobilisation, les manifestations du 2 octobre ont vu défiler sur l’ensemble du territoire autour de 3 millions de personnes. Ce qui signifie que l’on se situe dans les mêmes eaux que le 23 septembre, c’est-à-dire à des niveaux parmi les plus élevés, comme ce fut le cas en mars 2009, en 2006 ou en 2003.

S’agissant d’un samedi, les manifestants aussi étaient différents : plus de personnes venues parfois avec leurs enfants.

On notera d’ailleurs avec un sourire la dialectique du secrétaire d’État à la fonction publique : les manifestants du 23 septembre ne sont pas venus le 2 octobre parce que le gouvernement les a convaincus ; il faut donc maintenant convaincre ceux qui sont venus le samedi ! Il fallait le trouver !

À noter également qu’à l’appel de leurs organisations étudiantes et lycéennes, les jeunes étaient présents et indiquaient qu’ils seraient encore plus nombreux le 12 octobre.

Pour autant, le samedi soir, le ministre ne bougeait toujours pas sur les points durs du projet gouvernemental (60 à 62 ans, 65 à 67 ans et la pénibilité). Quelques avancées ont lieu au Sénat (travailleurs handicapés, salariés victimes de l’amiante, chômeurs âgés), souvent à notre initiative. Pour autant, même si ce qui est pris n’est plus à prendre, nous voulons une autre réforme des retraites, nous avons fait des propositions et exigeons donc le retrait du projet actuel, car c’est toute sa logique qu’il faut remettre en cause.

Maintenant, quelles suites ?

Ce dont nous sommes convaincus c’est que les pouvoirs publics ne reculeront que si le rapport de force est suffisant, c’est ce qui peut les inquiéter en quelque sorte.

On peut retourner la situation dans tous les sens, mais l’expérience nous conduit à dire que deux modalités peuvent être efficaces :

Des manifestations importantes et croissantes, ce qui suppose notamment, comme en 2006, la présence des jeunes. Ce n’est pas à nous de les appeler, ce sont d’ailleurs leurs organisations qui le font. Et rien ne dit, a priori, qu’ils seront nombreux.

Et nous n’avons pas de leçon à recevoir de ceux qui ont créé une organisation étudiante (la Confédération étudiante). Nous travaillons, nous, avec celles qui existent et que se sont choisies les jeunes, lycéens ou étudiants. Nous avons aussi, par exemple, des relations anciennes et dans l’indépendance réciproque avec le syndicat lycéen FIDL.

Si les manifestations ne suffisent pas, alors la responsabilité des confédérations est de lancer un appel unitaire (pour que ce soit efficace) à vingt-quatre heures de grève interprofessionnelle. Si au soir de cette journée, on a le sentiment que pendant vingt-quatre heures le pays a été quelque peu bloqué, la donne est aussi différente pour le gouvernement. S’il ne répond pas, alors il appartient aux salariés, avec leurs syndicats dans l’unité d’action, de décider de poursuivre ou non le mouvement.

C’est ce que nous réaffirmerons dans les réunions entre syndicats.

Nous maintiendrons notre ligne de conduite, tant sur nos revendications que sur nos propositions de modalités d’action, tout en poursuivant l’action commune qui demeure toujours un espoir pour les salariés.

Déterminés et pragmatiques, telle sera encore notre ligne de conduite.