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LE 31 JUILLET 1914:Assassinat à Paris de Jean Jaurès

Éphéméride LE 31 JUILLET 1914 Assassinat à Paris de Jean Jaurès
Article de Théodore Beregi paru dans Force Ouvrière.

Le rôle prédominant que Jaurès a joué en 1905 à dans l’unification organique et politique des partis ouvriers est trop connu pour le rappeler de nouveau.

Pour honorer sa mémoire, en ce jour de tragique anniversaire, alors que la classe ouvrière lutte encore pour ses revendications légitimes, il apparaît comme une actualité d’évoquer en quelques traits les rapports de Jaurès avec le mouvement syndicaliste, quelle fut son attitude exacte devant les problèmes du syndicalisme et sa position devant les mouvements sociaux de la classe ouvrière qui ont donné de sérieuses inquiétudes à la bourgeoisie et au capitalisme, et cela plus particulièrement au début du siècle.

L’histoire du mouvement ouvrier avant la guerre paraît inconcevable sacs la personnalité puissante de Jaurès, et malgré les divergences de doctrine, de méthode et de tactique qui s’apposaient à celles de Jules Guesde, il était considéré comme tir ardent propagateur des revendication. économiques des travailleurs.

De son vivant et après sa mort il fut l’objet de critiques malveillantes de la part de la bourgeoisie réactionnaire et des syndicalistes révolutionnaires. Mais personne ne sait mieux que Léon Jouhaux ce que la classe ouvrière doit à l’humanisme international de Jaurès.

Génie de la paix et du socialisme constructif on peut dire qu’il incarnait. par sa grandeur d’âme et surtout par son esprit passionnément révolutionnaire. la volonté et les aspirations des syndicalistes français. Son intelligence lumineuse a compris la vraie signification du syndicalisme et a donné une interprétation à la philosophie de la classe ouvrière Sa sensibilité et sa compréhension si humaines l’ont lié définitivement aux travailleurs Cela démontre que, pour Jaurès. le syndicalisme n’était pas une doctrine simpliste une vague idée sociologique et uniquement une arme de combat revendicative.

Il fut un des premiers philosophes socialistes à découvrir la valeur morale et le caractère idéologique du syndicalisme et à l’époque mémorable de 1905, il s’appliqua à démontrer ce qu’était le mouvement syndicaliste.

A ce point de vue, Jaurès était révolutionnaire puisque, contrairement aux calomnies de ses adversaires, il admettait la grève générale comme un moyen de combat immédiat et légitime contre l’exploitation du capitalisme.

Le syndicalisme comme théorie sociale, et en dehors des revendications quotidiennes a un but plus général, plus lointain la suppression de l’économie capitaliste, la socialisation de la propriété privée, la conquête des moyens de production par la classe ouvrière qui est seule capable d’organiser la répartition équitable des richesses économiques de la nation et d’assurer au monde du travail une condition de vie plus élevée.

« Le syndicalisme révolutionnaire, disait Jaurès est tout à la fois une idée nouvelle et un moyen d’action nouveau ; le prolétariat organisé le met au service de sa revendication sociale, au dehors comme au dedans : je veux dire qu’il est décidé à en user pour conquérir la pleine justice sociale par la transformation de la propriété, comme il est décidé à en user pour arracher la direction de la patrie à ceux qui abuseraient d’elle pour la jeter, malgré elle, malgré le peuple, dans des guerres d’aventure et d’agression. »

Alors que le gouvernement était au service du capitalisme et qu’il persécutait les militants syndicalistes, et qu’à la Chambre le problème de la grève générale soulevait l’indignation de la droite, Jaurès prit spontanément la défense des travailleurs et donna au gouvernement un avertissement significatif :

« En même temps que les ouvriers constituent de plus en plus une force distincte capable de traverser sans s’y émousser sans s’y perdre. toute l’épaisseur des résistances sociales. les ouvriers sont naturellement conduits à user dans la bataille du moyen d’action, du moyen de combat qui dérive de la vie ouvrière elle-même »

Jaurès « évolutionniste » a prouvé la prééminence du travail dans la société.

« Il y a une force en lui. une force qui est lui-même ; cette force. c’est son propre travail c’est sa puissance de production, c est la quotidienne énergie de travail ouvrier qui produit tout, qui fait aller du matin au soir tous les rouages de la machine sociale ; c’est leur force de travail qui produit tout. qui entretient tout ; ils sont conduits à se dire qu’une défaillance, qu’une suspension volontaire et consentie de cette force de travail obligerait les pouvoirs publics, obligerait la société a prendre conscience, précisément, de la nécessité de la puissance du travail et de la valeur de ses droits.
Les législateurs ne sont qu’à moitié attentifs Ils s’imaginent avoir apaisé le mouvement ouvrier lorsqu’ils ont atténué seulement quelques-unes des conséquences du régime capitaliste. Eh bien ! nous allons leur montrer. nous allons leur rappeler que le travail a droit à tout puisqu’il est tout. »

Bien que Jaurès insistât sur le fait que le parti socialiste devait soutenir de toutes ses forces le mouvement syndicaliste. il proclama en même temps que la CGT devait garder sa complète indépendance à l’égard de tous les partis politiques.

« Il est bon, disait-il, que dans les syndicats, dans les bourses du travail, dans l’unité ouvrière distincte, constituée, organisée, la conscience du prolétariat reste à l’état de force autonome, je dirais de force aiguë. Il est bon, il faut que quelque part le ressort de la force ouvrière, le ressort de la pensée ouvrière soit ramassé sur lui-même, de façon à agir par une détente vigoureuse sur l’ensemble des forces sociales. Voilà quel est de plus en plus le sens nouveau, quelle est la signification sociale du syndicalisme révolutionnaire. »

C’est ainsi que Jaurès, outrage, même à l’intérieur de son parti est devenu, comme Jules Guesde et kart Marx, le défenseur du syndicalisme moderne. C’est ainsi que, dans sa pensée, le syndicalisme et l’humanisme étaient indissolublement liés pour un idéal constructif et révolutionnaire