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L’éditorial de Jean-Claude Mailly:Réalités nationales contre déclarations internationales

Réalités nationales contre déclarations internationales
La réunion du G20 à Pittsburgh n’a pas révolutionné le capitalisme. Y croire aurait d’ailleurs été une preuve de naïveté.

Ce qu’il faut retenir de ce G20, c’est l’annonce de réformes de la « gouvernance » du FMI, le début d’encadrement (mais non de limitation) des bonus, la poursuite de la pression sur les paradis fiscaux, le maintien des politiques interventionnistes des États, signe que la crise est loin d’être terminée.

Il faut également signaler qu’une délégation syndicale internationale, présente à Pittsburgh avant le G20 et à laquelle Force Ouvrière participait*, a pu rencontrer les principaux chefs d’État pour leur faire part de nos analyses et revendications en matière d’emploi, de pouvoir d’achat, de fiscalité et de normes internationales du travail. Il faut ici souligner que le G20 ne peut plus refuser les consultations avec les syndicats comme il a dû accepter la présence de l’OIT. Notons que certains pays du G20 n’ont toujours pas ratifié les huit conventions internationales fondamentales de l’OIT.

Par ailleurs, un G20 « emploi » se tiendra au premier trimestre 2010 et le texte final précise que les institutions financières internationales et les États doivent prendre en compte les normes internationales du travail. Pour autant, on est encore loin de voir aboutir nos revendications, notamment pour que le respect des normes internationales fondamentales du travail soit une des conditions préalables à l’activité des institutions financières. De même, les questions monétaires sont absentes ainsi qu’une vraie réglementation bancaire et financière interdisant la spéculation à court terme. Et surtout le problème de fond, à l’origine de la crise, persiste, à savoir une répartition inégalitaire des richesses entre le capital et le travail, ce que reconnaissent, aujourd’hui, de plus en plus d’économistes.

Enfin – et c’est là un élément essentiel – il y a un décalage, voire une contradiction, entre les déclarations internationales et les réalités nationales. Pour tous les travailleurs dans le monde, la crise persiste et les réformes nationales ne sont pas à la hauteur des enjeux. Ainsi, en France, les annonces du Premier ministre dans le cadre de la préparation des budgets de l’État et de la Sécurité sociale confirment cette analyse.

Les entreprises sont largement aidées par des allègements fiscaux (six milliards d’euros pour la seule taxe professionnelle) et les ménages sont eux de plus en plus mis à contribution (taxe carbone, augmentation de deux euros du forfait hospitalier, fiscalisation possible et bien entendu inacceptable des indemnités journalières sur les accidents du travail).

Tout cela signifie que c’est la même logique économique libérale qui est à l’œuvre. En quelque sorte, les pouvoirs publics ont été obligés d’intervenir, pour, en particulier, aider les banques et soutenir l’activité économique, mais ils n’entendent pas changer leur logique. En témoigne l’engagement du Premier ministre de faire voter en 2010 une loi pluriannuelle planifiant une baisse de la dépense publique sur plusieurs années.

Et pas question de toucher au bouclier fiscal, de mettre sur la table une grande réforme fiscale, de prendre des mesures pour geler des licenciements ou relancer la consommation. Pourtant celle-ci baisse (et vraisemblablement depuis longtemps) pour beaucoup de ménages.

Comment expliquer sinon la baisse importante des recettes de TVA et la chute des crédits à la consommation ?

C’est en faisant vivre les principes républicains, liberté, égalité, fraternité, qu’on pourra tordre le cou aux origines de la crise.

Dans ce combat, le syndicalisme libre et indépendant a un rôle important à tenir : celui de représenter et défendre clairement les intérêts matériels et moraux des salariés.

* Notre camarade Yves Veyrier, Secrétaire confédéral, était partie prenante de la délégation.