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L’éditorial de Jean-Claude MAILLY du mercredi 25 novembre 2009 : Insertion, identité nationale et transparence

Vous trouverez ci-dessous l’éditorial de Jean-Claude MAILLY du mercredi 25 novembre 2009

Insertion, identité nationale et transparence

Insertion

Au-delà des discours, il est important pour notre syndicalisme de réaliser concrètement ses revendications. Re-vendiquer est essentiel, obtenir satisfaction l’est encore plus. Il est vrai que depuis plusieurs années l’activité syndicale est souvent – et c’est indispensable – une activité de résistance. Mais nous obtenons tous les jours des résultats. C’est par exemple le cas en matière de chômage partiel, ou pour la signature de la nouvelle convention collective à Pôle emploi. Il y a aussi – comme l’on dit – des coins de ciel bleu. Depuis deux ans, au sein de l’entreprise Zara, notre syndicat, avec l’appui de la Fédération FO des Employés et Cadres et de la Confédération, a mis en place, par accord avec l’employeur, une procédure d’insertion de jeunes dits défavorisés ou désocialisés. Plusieurs dizaines de jeunes ont ainsi pu obtenir un vrai travail (CDI à temps plein) avec un vrai salaire. Comme autre conséquence, il a été convenu qu’il n’y aurait bientôt plus de temps partiel contraint dans l’entreprise.

De telles expériences, en l’occurrence menées conjointement par l’employeur et le syndicat FO, méritent d’être mieux connues. Elles expliquent également, même si l’action syndicale est bien entendu plus large, les résultats électoraux récemment enregistrés (42% pour les listes FO). Faire connaître ces résultats, c’est ce que nous avons fait la semaine dernière par une présentation conjointe Zara-FO des résultats à la secrétaire d’État chargée de la Politique de la ville, Fadela Amara.

Identité nationale

Le débat qui s’ouvre, à l’initiative du gouvernement et du ministre chargé du dossier, M. Besson, est ambigu et malsain. Comment ne pas y voir une démarche électoraliste ? Ce qui compterait dans notre pays, ce serait plutôt comment assurer un réel respect des valeurs républicaines de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité. Ce qui passe aussi par la consolidation des services publics et des régimes de protection sociale collective. Et ce qui percute, bien entendu, les politiques économiques dites libérales, qui font du service public et des régimes sociaux des charges et des freins à la compétitivité !

Or ce débat-là est encore refusé, alors que la Constitution précise notamment que notre république est une république sociale, une et indivisible.

Transparence

Ce terme revient régulièrement et à propos de tout. Comme le disait Coluche, « plus blanc que blanc, c’est transparent » ! Personne ne conteste que dans une démocratie, qui plus est républicaine, il doive y avoir des droits et des devoirs. De là à prôner la transparence totale, il y a un monde. Car cette transparence viendrait percuter les libertés individuelles et collectives, comme le respect de la vie privée. Seules les sociétés totalitaires se prévalent de la transparence à l’encontre de ceux qui les subissent afin qu’ils soient sous contrôle permanent. C’est bien pour cela d’ailleurs que sur le plan syndical nous continuons à défendre la loi de 1884, parce qu’elle assure la liberté syndicale.

Imagine-t-on dans une entreprise de rendre obligatoire la liste des adhérents ? Que se serait-il passé pendant la dernière guerre si les syndiqués avaient tous été connus ?

Et que dit-on par rapport à toutes celles et tous ceux qui spéculent sur le plan international, en toute légalité mais sans aucune « transparence » ?

C’est aussi parce que nous avons toujours défendu la loi de 1884 que nous continuons à combattre la loi du 20 août 2008 sur la représentativité. De tout temps, par des moyens divers, les gouvernements (parfois avec l’appui de certaines organisations syndicales pour des raisons idéologiques ou d’appareil) ont voulu domestiquer le syndicalisme. C’est le cas quand on veut l’intégrer dans la gestion de l’État ou dans celle des entreprises en le transformant en sous-traitant social. Ce qui est, bien entendu, contraire à la liberté et à l’indépendance syndicale.

En cette année où nous célébrons le 60e anniversaire de la convention n°98 de l’OIT portant sur la liberté de négociation, et sans remettre en cause le rôle de la justice, nous considérons que certains commentaires, après les perquisitions dont ont été l’objet plusieurs fédérations syndicales des métaux, sont inacceptables et dangereux. Certains ont, en effet, fait un lien entre les perquisitions (dans le cadre de ce qu’on appelle l’affaire UIMM) et le fait que ces fédérations étaient celles qui négociaient et signaient des accords ! Nos camarades de la métallurgie – auxquels la Commission exécutive a exprimé son soutien et sa solidarité – ont clairement affiché leur sérénité – ce que nous avons toujours affirmé en la matière – et leur attachement viscéral à l’indépendance et à la liberté.

En tout cas, il ne faudrait pas qu’au nom de la « transparence » on en arrive, demain, à un syndicalisme publiquement financé (comme les partis politiques), c’est-à-dire n’ayant plus besoin d’adhérents, transformé en machine électorale permanente et privilégiant la démocratie d’opinion sur la démocratie représentative ou de mandat. C’est l’un des risques majeurs de la position commune CGT-CFDT-MEDEF-CGPME et de la loi du 20 août 2008 qui l’a entérinée.