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L’éditorial de Jean-Claude Mailly : c’est le modèle économique qu’il faut revoir

Par Jean-Claude Mailly
Secrétaire général

C’est le modèle économique qu’il faut revoir

D’une certaine manière, ce qui se passe à France Télécom est symptomatique des évolutions économiques en vigueur depuis une quinzaine d’années. Anciennement partie prenante des PTT, France Télécom a été ensuite séparé de La Poste pour devenir une société anonyme. Ce fut la privatisation d’un service public, privatisation mise en œuvre au nom de la libéralisation décidée au niveau européen.

Pour un salarié qui avait fait le choix de travailler dans la fonction publique, se retrouver dans une entreprise où le culte de la compétitivité a été hissé au plus haut point, c’est par définition une rupture. Au moment du changement de statut, il n’était pas rare de voir des agents voulant rester fonctionnaires être mis à l’écart ou considérés comme ringards ou fermés à ce qui était présenté comme la modernité.

Cette évolution du secteur public ou privé est également perceptible en tant que consommateur. La notion de service au public s’est diluée, pour disparaître avec la privatisation. Qui plus est, au fil des années, la compétitivité-coût est devenue la priorité, avec comme deuxième priorité les évolutions technologiques. Résultat : le social, les conditions de travail sont devenus la variable d’ajustement. Réduction drastique des effectifs, mobilités forcées, déclassement, contrôle s’apparentant à du flicage, objectifs individuels, rien d’étonnant malheureusement dans la situation que traverse l’entreprise. Et ce ne sont pas quelques ajustements qui permettront de résoudre les problèmes.

De manière urgente, il faut que la direction de France Télécom recrute, remette en place un système de cessation anticipée d’activité, renonce aux contrôles permanents sur les salariés. Par ailleurs, il faut revisiter le modèle de gestion et ses priorités. C’est notamment ici que la question des conditions de travail est centrale.

On ne la réglera pas en embauchant des spécialistes pour apprendre à gérer son stress, mais en mettant en place une organisation du travail diminuant le stress et en réintroduisant du collectif.

Mais il n’y a pas que France Télécom, la pénitentiaire, l’ex-ministère de l’Équipement, la banque ou la police nationale connaissent aussi des suicides de salariés.

C’est le modèle économique qu’il faut revoir. Ce modèle a conduit à la crise sous tous ses aspects. En sortir suppose que l’on change de modèle. Or, à entendre aujourd’hui certains responsables ou experts, tout semble repartir comme avant. La vie des hommes et des femmes ne doit en aucun cas être subordonnée au profit et à la satisfaction des actionnaires.