Section de l’ORNE
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DESHUMANISATION DES SERVICES PUBLICS

MÊME LE MÉDIATEUR DE LA RÉPUBLIQUE CONDAMNE LA DÉSHUMANISATION DES SERVICES PUBLICS DU FAIT DES RÉFORMES ET MANQUE D’EFFECTIFS

Dans une préfecture de la région parisienne, depuis la suppression des effectifs entre 2007 et 2009, le seul moyen d’obtenir un rendez-vous pour déposer un dossier de naturalisation passe désormais par un numéro unique « ouvert » un seul après-midi par semaine entre 14 h et 16h. Ce numéro est la plupart du temps indisponible car pris d’assaut lors de ces étroits créneaux. Lorsque les demandeurs parviennent néanmoins à obtenir un serveur vocal, un message d’information leur indique que le planning est complet jusqu’à une date donnée et que la boîte vocale est pleine, les laissant complètement démunis. Cet exemple est l’un de ceux qui illustrent le rapport 2010 du Médiateur de la République.

AUTRE EXEMPLE

Le nouveau Centre hospitalier Sud Francilien (CHSF) situé dans l’Essonne doit ouvrir à l’automne 2011. Dans un rapport publié en février 2011, la Chambre régionale des comptes avait qualifié le partenariat public-privé (PPP) de « formule juridique contraignante et financièrement aléatoire », ajoutant que ce choix retenu pour la construction du CHSF serait « très onéreux pour l’établissement ».

Ce bâtiment de 110.000 m2 regroupera 7 établissements hospitaliers à Evry et Corbeil-Essonnes (Essonne). Il a donc été construit pour un coût énorme de 344 millions d’euros selon un PPP avec l’entreprise Héveil, une filiale d’Eiffage (qui a demandé 100 millions d’euros supplémentaires au CHSF). Un bail emphytéotique hospitalier lie les partenaires : le CHSF devra verser un loyer de 40 millions d’euros annuels à Héveil pendant trente ans, avant d’en devenir propriétaire !

Or, d’ores et déjà, il manque 11 millions d’euros par an à l’établissement pour pouvoir s’acquitter du loyer. Et pourtant, ce CHSF n’est pas du tout fonctionnel : oubli d’une biberonnerie dans la maternité, sas qui s’ouvrent dans le mauvais sens, etc. car il a été construit dans la précipitation pour rentabiliser les coûts de construction.

Il est évident que les surcoûts vont peser sur l’accueil des patients, sur les moyens, sur les conditions de soins et sur les personnels. Les autorités compétentes (Agence Régionale de Santé, direction de l’établissement, ministère de la santé, élus locaux) envisagent déjà d’ouvrir le CHSF au « secteur privé lucratif » !

Cet exemple illustre comment le fait de gérer l’hôpital comme une entreprise et les soins comme des prestations à rentabiliser (buts assignés aux ARS) conduit à une médecine inégalitaire. En quelque sorte, on passe des 3P au 3V : le PPP induit une médecine à trois vitesses : ceux qui peuvent se soigner, ceux qui doivent repousser, et ceux qui ne peuvent déjà plus !