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Le sens de la mission de service public n’est plus évident pour les agents

S’ils sont nombreux à juger leur travail intéressant, les agents publics n’en ont pas toujours une perception valorisante et jugent parfois que certaines pratiques viennent heurter leurs valeurs, selon les résultats du premier Observatoire national des risques psycho-sociaux (RPS), autour du sens au travail.

Image d’illustration générée par Midjourney

On entend cette petite musique depuis quelque temps. Les agents publics, tout comme les salariés du secteur privé d’ailleurs, seraient de plus en plus nombreux à ne plus trouver de sens dans leur travail. Une situation qui peut avoir et qui a de multiples conséquences comme le désengagement voire les fameux bore ou brown-out éloignant certains agents de leur quotidien professionnel. S’il peut paraître difficile à évaluer, ce sujet du sens au travail a fait l’objet du premier baromètre réalisé par l’Observatoire national des risques psycho-sociaux (RPS) dans la fonction publique. Un collectif qui mêle des professionnels des RPS mais aussi des spécialistes de la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) du secteur public. Au total, 2500 agents issus des trois versants ont répondu à un premier corpus de questions.

Ces premiers résultats nous apprennent, et il faut s’en réjouir, que 90 % des répondants trouvent un ou plusieurs intérêts dans les tâches qu’ils doivent effectuer et 75 % ressentent une bonne adéquation entre le travail qu’ils effectuent au quotidien et leurs attentes vis-à-vis de leur travail. En revanche, 25 % expriment un sentiment de décalage entre leurs attentes et la réalité des missions effectuées. Pourtant, une très large majorité (83 %) exprime le sentiment de réaliser un travail qui est utile aux autres, il faut noter à l’inverse que 17 % n’ont pas ce sentiment. "Les citoyens et même certains employeurs ont tendance à penser que cela va de soi et que cela se suffit en soi que de travailler dans le secteur public pour se sentir utile", commentent d’ailleurs les auteurs de l’étude.

L’humilité excessive des agents
On apprend aussi que 18 % des agents interrogés estiment que n’importe qui pourrait effectuer leur travail. "Une faible estime de soi professionnelle ou l’absence de connaissance ou de reconnaissance des acteurs professionnels de son travail sont des facteurs qui altèrent le sens au travail, alertent les auteurs de l’étude. Il ne faut pas négliger l’humilité excessive de certains agents publics ou l’approche par le niveau de qualification ou de complexité des tâches demandées." Autre fait notable, 28 % des agents disent parfois s’ennuyer dans leur fonction et la même proportion disent ne pas ressentir la fierté du travail bien fait dans leur poste actuel. Autre résultat qui peut paraître étonnant, 37 % des agents répondants ont le sentiment d’être exploités. "Cela nous semble très important, soulignent les membres de l’Observatoire. Car la notion d’exploitation est lourde de sens, justement. Cela renvoie clairement à un sentiment de reconnaissance très insuffisant, voire absent."

Un manque de reconnaissance souvent dénoncé par les agents notamment au niveau de la rémunération. A la question, "J’ai l’impression de travailler pour satisfaire les critères d’évaluation de ma hiérarchie et/ou quantitatifs et non pour répondre aux exigences du métier", 41 % des agents répondent par l’affirmative. Enfin 26 % des agents interrogés disent que leur éthique professionnelle est malmenée et 45 % considèrent que des pratiques et/ou des décisions dans leur environnement de travail viennent heurter leurs valeurs. "Quand on sait combien dans le service public plus que n’importe où ailleurs, la dimension des valeurs est importante et puissante en termes de sens mais aussi souvent la plus galvaudée et dévoyée, ce résultat peut interroger, voire choquer", alertent les auteurs de l’étude. Ce premier volet sera suivi d’une seconde étape destinée à préciser les résultats et évaluer le niveau de qualité de sens au travail selon le genre, la catégorie, si l’agent est en situation de management ou non ou encore le versant. Une évaluation qui devrait permettre, au final, d’obtenir un « score sens au travail ».

PAR MARIE MALATERRE
25 avril 2024,
Acteurs Publics, accéder à l’article initial