Section des HORS RÉSEAUX
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L’éditorial de Jean-Claude Mailly : Le dossier des retraites est emblématique

Le 10 mai dernier s’est tenu à l’Élysée un « sommet social » dont les thèmes prévus étaient la situation économique, l’emploi et les questions industrielles.

Au lendemain de la réunion, à Bruxelles, sur la situation financière et l’euro, la crise était bien entendu au cœur de la réunion.

Nous ne pouvions pas non plus, à cette occasion, ne pas rappeler nos positions essentielles en matière de retraite, ce que nous avons fait.

S’agissant de la crise, nous avons rappelé au président de la République non seulement qu’elle était toujours présente mais qu’une sortie de crise nécessitait trois types de décisions : une répartition plus égalitaire des richesses produites, une réorientation des modalités de la construction européenne et une reréglementation internationale en matière monétaire et financière avec le respect contrôlé des normes internationales fondamentales du travail.

Sur le plan européen, pour Force Ouvrière, une réorientation implique une révision importante du pacte de stabilité et de croissance et non, comme cela est envisagé, un durcissement de celui-ci, ce qui conduirait à accroître les inégalités et à tuer la croissance économique. D’ailleurs, depuis la réunion, l’INSEE a révisé à la baisse les perspectives de croissance économique de la France.

Nous avons également protesté contre toute mise en œuvre d’une politique de rigueur ou d’austérité destinée à faire payer aux salariés, actifs, chômeurs et retraités le redressement des finances publiques, tout en protégeant les revenus du capital. Or, en indiquant qu’il fallait réduire de 10% sur trois ans les dépenses d’intervention de l’État, ce qui touche notamment diverses allocations sociales, le Premier ministre annonce bel et bien l’austérité. C’est également le cas en Espagne, au Portugal et en Italie.

De fait, les intervenants sur les marchés financiers veulent imposer l’austérité pour réduire les déficits publics et sociaux qui ont augmenté de leur fait. Comme le disait justement un économiste : ils sont en train de mordre la main qui les a nourris.

Dans ce contexte, le dossier « retraite » est emblématique. C’est pourquoi Force Ouvrière a réaffirmé son opposition à tout allongement de la durée du travail (augmentation de la durée de cotisation et/ou report du droit à la retraite à 60 ans). Nous avons, de nouveau, revendiqué des mesures de financement à même de résoudre le problème, ce qui implique une grande réforme fiscale.

D’ailleurs, reculer à 63 ans le droit au départ et à 68 ans la retraite sans décote ne couvrirait qu’à peine 50% des besoins de financement. Sans parler des transferts inéluctables vers le chômage ou l’inaptitude au travail. Il faut savoir qu’en France quand le droit à la retraite était à 65 ans, 42% des salariés qui demandaient la liquidation de leur pension étaient en inaptitude ou invalidité. Avec le droit à la retraite à 60 ans, ce taux est tombé à 18%. Cela signifie que ce que l’on ne paye pas en retraite, on le paye en inaptitude ou en chômage, ce sont des vases communicants.

Pour toutes ces raisons, il est essentiel que l’appel à une journée de grève et de manifestation à Paris le 15 juin soit réussi.

Il appartient à tous les militants Force Ouvrière de s’y engager fermement.