Section des HORS RÉSEAUX
 45 rue des Petites Ecuries
75484 PARIS Cedex 10
 01-47-70-91-69  01-48-24-12-79  olivier.jacquetdgfip.finances.gouv.fr

L’Éditorial de Jean-Claude Mailly :La rente et le capitalisme contre les retraites

La rente et le capitalisme contre les retraites

Le sondage paru le week-end dernier dans Le Journal du Dimanche sur les retraites n’est guère surprenant.

En premier lieu, une large majorité considère que les « réformes » passées étaient de mauvaises réformes et nombreux sont celles et ceux qui ne sont pas confiants sur le niveau de leur retraite future. Le niveau de vie en retraite étant une donnée essentielle, ils sont 41% (la part la plus importante) à être prêts à cotiser davantage pour partir le plus tôt possible à la retraite.

Enfin, ils sont majoritaires à considérer qu’ils seront contraints de travailler plus longtemps pour avoir une « bonne » retraite.

En filigrane, on remarque que l’idéal serait de partir le plus tôt possible avec le niveau le meilleur possible. Ce qui en dit long sur la nature des conditions de travail. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, si les travailleurs prenaient leur pied au travail, ils demanderaient à rester plus longtemps. Ce qui n’est pas le cas.

Mais d’ores et déjà, si 70% des salariés qui font liquider leur pension le font à 60 ans, l’âge moyen est aujourd’hui de 61,6 ans et un jeune qui rentre à 21 ans dans la vie active devra attendre 62 ans (avec une continuité dans la vie active) pour partir avec une retraite à taux plein.

Qui plus est, il est évident qu’en période de chômage élevé, obliger les seniors à travailler plus longtemps (au-delà de la retraite) c’est empêcher des jeunes de trouver un travail et, de fait, transférer des dépenses de retraite sur des dépenses de chômage.

Pour toutes ces raisons, il est essentiel de rompre avec ce que l’on peut considérer comme des dogmes. À savoir ne pas augmenter les cotisations, ne pas augmenter les impôts, ne pas faire de grande réforme fiscale et ne pas aller chercher d’autres sources de financement.

Surtout que dans l’état actuel des choses, l’État est loin de remplir tous ses engagements. C’est vrai vis-à-vis du fonds de réserve des retraites (destiné à alléger la facture après 2020), du fonds de solidarité vieillesse (destiné à compenser l’absence de cotisation en cas de maladie ou de chômage, par exemple) ou de compensation d’exonération de cotisations sociales patronales (il manque 1 milliard chaque année pour les retraites).

Une grande réforme doit viser à consolider la répartition et la solidarité (ce qui exclut le grand système par points ou par comptes notionnels), ce qui suppose en particulier de trouver les financements nécessaires.

Impossible, disent les orthodoxes libéraux qui ne jurent que par la réduction à marche forcée des déficits pour préserver la rente et le capitalisme.

Pourtant, en la matière comme dans d’autres, c’est bien le modèle économique qu’il faut changer, mettre la priorité sur le social et l’humain, réintroduire de l’égalité de droits et de la solidarité. Ce devrait être une des leçons de la crise.

En tout cas, c’est la ligne que nous défendrons. Il ne s’agit pas de donner des gages à Bruxelles, mais d’apporter des garanties aux travailleurs et aux retraités.