Non,
ce n’est pas une blague ! Le gouvernement invite l’administration à
envoyer des courriels avec
parcimonie, en limitant si possible le
volume des éventuelles pièces jointes. Pourquoi ?
Pour réduire les
émissions de CO2 et protéger ainsi l’environnement.
Manuel
Valls et sa ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, ont présenté hier
leur « feuille de route environnementale ». Alors
que l’Hexagone accueillera au mois
de décembre la Conférence de Paris
sur le climat, l’exécutif a approuvé en Conseil des ministres
une
batterie de mesures censées « faire de la France le pays de
l’excellence environnementale ».
Les fonctionnaires et autres
agents publics sont bien entendu priés de montrer la voie,
puisque
parmi les éléments adoptés, se trouve un plan « Administration
exemplaire »
préparé par le ministère de l’Ecologie (PDF).
Les
« écogestes » annoncés se veulent à la fois nombreux et très
concrets : une tasse sera
fournie à chaque agent afin de supprimer
les gobelets des distributeurs de boissons ;
les imprimantes et
photocopieuses seront programmées pour que les impressions
se fassent
systématiquement en recto-verso ; la température des bureaux sera
abaissée à 17° la nuit
et les week-ends ; des places de parking
seront réservées aux personnes faisant du covoiturage, etc.
Les agents priés de limiter notamment le volume de pièces jointes
Nous
avons pour notre part surtout remarqué que des recommandations étaient
faites
aux agents s’agissant de leur utilisation de l’outil
informatique. « Un courriel de 1 Mo équivaut
à l’émission de
19g de CO2 avec un seul destinataire, de 73 g avec 10
destinataires : je restreins
le nombre et le poids de pièces jointes de
mes courriels et je privilégie l’envoi d’un lien internet ;
plus c’est
lourd et plus ça émet de CO2 ! » peut-on par exemple lire
dans ce plan.
Dans le même registre, il est conseillé de supprimer les
vieux courriels et fichiers, dans la mesure
où « leur stockage
dépense de l’énergie ».
Ces
chiffres sont en fait très sérieux, puisqu’ils proviennent d’une étude
publiée l’année dernière
par l’Agence de développement et de
maîtrise de l’énergie (ADEME).
Cette institution, rattachée
au ministère de l’Écologie, expliquait
qu’envoyer quotidiennement 33 emails de 1 Mo à 2 destinataires
émettait
au bout d’un an autant de CO2 qu’un parcours de 1 000 km en voiture.
La
faute aux nombreux équipements informatiques nécessaires à
l’acheminement d’un email
(alimentation électrique des serveurs
notamment).
L’ADEME s’était également penchée
sur les simples visites de sites Web et affirmait
qu’aller directement
sur une page (sans passer par un moteur de recherche) permettait
de
réaliser des économies substantielles de CO2.
Prière de débrancher la prise une fois le téléphone rechargé
Avec
ce plan, l’administration est d’autre part invitée à faire attention à
sa consommation
d’électricité, notamment en éteignant ses ordinateurs
le soir (plutôt que de les mettre simplement en veille).
« Lorsque
la batterie de mon téléphone ou de mon ordinateur portable est chargée,
je débranche le cordon
d’alimentation pour économiser la durée de vie
de la batterie et réduire la consommation d’énergie »
est-il
également recommandé.
Ces
actions sont censées être mises en œuvre « immédiatement »
par les agents du ministère de l’Écologie,
« pour amorcer la
dynamique » auprès des autres ministères. En clair, ces
derniers, pourtant bien
plus importants (Bercy, l'éducation
nationale...) ne sont pas encore concernés.
Quant aux recommandations (sur les emails
ou les économies d’énergies),
il
ne s’agit comme leur
nom l’indique que de simples préconisations...