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Retraites : les cadres sont aussi dans le collimateur de la réforme

Même s’ils ne constituaient pas le gros des troupes de la manifestation parisienne, les cadres sont concernés au même titre que les autres salariés par le projet de réforme des retraites que tente d’imposer le gouvernement. Outre le report de l’âge du départ en retraite, ils redoutent surtout d’être mis à la porte de leurs entreprises la cinquantaine passée. Témoignages.

« Les jeunes qui ont fait de longues études entrent sur le marché du travail à 24 ans, travailler durant 43 ans les emmène à un départ en retraite à 67 ans, on va aller jusqu’où ? », s’inquiète Éric Peres, secrétaire général de FO-Cadres. « Avec cette réforme, le message que le gouvernement fait passer aux jeunes générations, c’est que faire des études, c’est pénalisant ».

Comme les autres salariés, les cadres subissent la double peine du cumul du recul de l’âge de départ et de l’accélération de l’allongement de la durée de cotisation. Et s’ils arrivent tardivement sur le marché du travail, leur âge de départ en retraite est retardé d’autant. « Il n’y a pas de problématique des cadres, tous les salariés en prennent pour deux ans de plus, tout le monde est pénalisé », insiste Alain, 67 ans, ancien cadre de la sécurité sociale qui manifestait à Paris dans le cortège FO.

Même s’ils ne constituaient pas le gros des troupes de la manifestation parisienne, les cadres se disent globalement préoccupés par le projet de réforme porté par le gouvernement. Près des deux tiers d’entre eux (61%) sont inquiets à l’idée d’un report de l’âge légal de départ, selon une étude de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) réalisée en septembre dernier.

Ingrid, 41 ans, est ingénieur qualité chez Stellantis. « Avec ou sans réforme, je partirai à la retraite à taux plein à 64 ans, je suis venue par solidarité », explique-t-elle. Fille d’ouvriers, elle est sensibilisée aux questions sociales. Elle regrette que les cadres ne se mobilisent pas plus contre la réforme des retraites. « Ils se sentent concernés mais n’assument pas ou ont peur d’être discriminés s’ils se mettent en grève », explique-t-elle.

Comme Ingrid, Philippe, 39 ans, cadre matériel à la SNCF, a lui aussi bénéficié de l’ascenseur social. « J’ai commencé à travailler à 17 ans, j’aurais dû partir à 55 ans grâce au statut cheminots », explique-t-il. Mais depuis son embauche, différentes réformes ont été mises en œuvre, rognant ses droits. « Avec la réforme, si elle passe, je pourrai partir de manière anticipée à 59 ans et demi, mais avec une décote assez costaud », poursuit-il. « Pour avoir le taux plein, je dois rester jusqu’à 62 ans, je me prends sept ans de plus, je suis dégoûté ».

Les seniors « sont la cible des plans de restructuration et des plans de fin de carrière »

Valérie, 56 ans et Laurence 54 ans, sont cadres dans une société mutualiste d’assurance. Toutes les deux devraient travailler deux ans de plus avec la réforme, jusqu’à 64 ans. « Je compte les jours, le boulot devient de plus en plus difficile avec la pression et l’amplitude horaire », témoigne Laurence. « Il y a un manque de reconnaissance, on nous demande toujours plus de productivité. Et les tâches qui étaient intéressantes deviennent annexes. Je ne sais pas comment je pourrais tenir deux ans de plus ». « Et nous les quinquagénaires, on a l’impression de déranger, peut-être parce qu’on a connu une autre entreprise, plus humaine », poursuit Valérie.

Cédric Noyer, 54 ans, est coordinateur FO groupe chez Orano. La réforme l’obligerait à travailler six mois de plus, jusqu’à 62 ans et trois trimestres. Il bénéficie d’une carrière longue grâce à ses jobs d’été. Pour lui la priorité est de « remettre de l’argent dans les caisses. Avant d’aller nous demander de travailler plus, il faut que les patrons rendent l’argent qu’ils ont perçu grâce à toutes les exonérations de cotisations sociales à l’embauche ou pour les heures supplémentaires défiscalisées », estime-t-il.

Cyril, 51 ans, est manager métiers chez Carrefour. Lui a commencé à travailler à 23 ans. La réforme repousserait son âge de départ à taux plein de deux ans, jusqu’à 66 ans et demi. « Mais peu importe les métiers, cadre ou salarié, le problème de base, c’est le non maintien dans l’emploi des seniors, on a le taux d’employabilité le plus faible d’Europe, dénonce-t-il. Chez Carrefour, les RH considèrent que les capacités cognitives et physiques des seniors diminuent après 55 ans et ils sont la cible des plans de restructuration et des plans de fin de carrière ». Lire la suite…