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A la veille de ce 28 mars, des militants entre colère et rancoeur contre l’exécutif

Cette journée de mobilisation interprofessionnelle du 28 mars contre la réforme des retraites promet de montrer encore toute la détermination des travailleurs. Le 23 mars, rien qu’à Paris, ils étaient 800.000 manifestants et une présence remarquée des jeunes. Jamais le cortège n’avait été aussi fourni dans la capitale. Et ce constat était valable aussi pour ceux en province. La détermination, mais aussi la colère, se sont exprimées sans détour ni retenue, avec un élément de plus en plus présent aussi : la rancœur à l’égard de l’exécutif, sommé de battre en retraite. Retour sur les paroles de militants à la veille de la dixième journée de mobilisation.

La mobilisation ne faiblit pas pour exiger le retrait de la réforme des retraites, elle grandit et se renforce. L’extrême densité des cortèges parisiens, lors de la 9e journée de manifestations interprofessionnelles jeudi 23 mars, en a fait l’éclatante démonstration : la participation a atteint un nouveau record, avec 800.000 manifestants recensés sur le parcours entre les places de la Bastille et de l’Opéra Garnier et, nouveauté, une présence importante de lycéens et étudiants. Quarante-huit heures après l’adoption brutale du recul de l’âge légal de départ en retraite à 64 ans par l’arme constitutionnelle du 49-3, vingt-quatre heures après l’intervention télévisée du chef de l’État resté inflexible, la détermination et la colère se sont exprimées sans détour ni retenue, mais aussi énormément de rancœur à l’égard de l’exécutif sommé de battre en retraite.

Ces réactions s’affichaient sur les pancartes des manifestants : "On a 49.3 de fièvre", "Ni factieux ni faction, le peuple dit non !", "Nous sommes la foule et notre combat est légitime"… Elles s’exprimaient autant dans les rangs fournis des militants FO, pour qui la coupe est pleine après les innombrables coups portés au monde du travail depuis 2017 au profit de de la politique de l’offre, pro-entreprises, chérie par l’exécutif.

Actifs, jeunes et retraités ont ainsi rappelé la démocratie sociale méprisée depuis 2017, la dégradation du dialogue social en entreprise résultant des ordonnances Travail qui, au motif de renforcer l’efficacité de la négociation collective en simplifiant les instances de représentation des salariés, les ont mises à mal, à commencer par les instances chargées de la santé, la sécurité et des conditions de travail.

Ils ont rappelé encore l’absence de coup de pouce au Smic malgré l’inflation galopante, l’absence d’investissements à la hauteur des besoins dans les services publics, leur situation de pénurie en termes de moyens, la faiblesse des rémunérations, les effectifs insuffisants … Comme le résumait David, instituteur et militant FO, dans le cortège : "ces dernières 48 heures sont la goutte d’eau qui fait déborder le trop-plein accumulé." Et cela renforce encore la volonté à obtenir le retrait.

"On a multiplié par dix notre participation à la manifestation"

"Moralement, je me devais d’être là. Le discours du Président, c’est de la maltraitance, la négation de deux mois de mobilisations contre la réforme des retraites ! Comme si les millions de manifestants, qui disent la pénibilité de leur emploi, ne comptent pour rien. Mais qu’a fait le gouvernement pour améliorer nos conditions de travail et d’emploi ? Rien", dénonçait Maud, enseignante dans l’Essonne. Et qui le 23 mars manifestait pour la troisième fois. Malgré le "sacrifice financier". Impossible de faire plus : "A Bac+5 et 37 ans, dont 16 ans d’enseignement, j’ai un salaire de base de 1.800 euros net, hors les primes. Mais elles ne comptent pas pour la retraite", témoignait la militante, qui accumule les sujétions pour avoir le maximum de primes et pouvoir joindre les deux bouts : travailler en zone REP+ (réseau d’éducation prioritaire), assurer pendant les vacances scolaires les stages de remise à niveau pour les élèves d’école élémentaire, saisir toute occasion d’heures supplémentaires.

Maud est déterminée, dans une opposition résolue à la réforme, à l’image de tous ceux qui défileront encore ce mardi 28 mars. "Comparé au 19 janvier, on a multiplié par dix notre participation à la manifestation parisienne !" insistait le 23 mars David, secrétaire général du Snudi FO 91 (syndicat national unifié des directeurs, instituteurs, professeurs des écoles, PsyEN, AESH). "Aujourd’hui, nous sommes 25 militants FO des écoles de l’Essonne, et une dizaine de collègues sympathisants nous ont rejoints. Ils voudraient adhérer à FO mais disent qu’ils ne peuvent se permettre le coût de la cotisation… Ce n’était jamais arrivé avant et traduit bien les difficultés financières des enseignants." Et de répéter "On perd tous de l’argent. Mais instit’ à 64 ans, ce n’est pas possible !."

"Le discours présidentiel renforce la détermination à aller jusqu’au bout"

La même mobilisation était notable dans les rangs de la fédération FO Energie et Mines (FNEM-FO) grossis, renforcée par l’arrivée d’une cinquantaine de militants grévistes de la centrale nucléaire EDF de Gravelines (Nord), la plus importante d’Europe. Depuis le 4 mars, les opposants à la réforme, en tête desquels FO majoritaire à 42%, y ont bloqué "en toute sécurité" la maintenance d’un des six réacteurs (la tranche 1). "Le discours présidentiel renforce la détermination à aller jusqu’au bout. Après près de trois semaines, le mouvement avait tendance à s’essouffler et c’est normal. Mais depuis le 49-3 et l’intervention télévisée, il y a presque autant de militants à 5 heures du matin sur le piquet de grève qu’au début de la grève : près de 200", soulignait le 23 mars Samuel Norel, 47 ans, secrétaire du syndicat FO. Un chiffre qui, précise-t-il, ne reflète pas le taux de grévistes "bien plus important". Le piquet de grève, qui bloque l’accès au site, a fait son office, empêchant les agents de badger. Lire la suite…