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Les détails du plan à 10 millions d’euros : un nouveau « Datalab »

Un nouveau « Datalab » pour aider les ministères
à s’emparer des données

Le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, a annoncé la création, pour début 2023, d’un « Datalab » au sein de la direction interministérielle du numérique. Cet accélérateur de projets autour des données va devoir trouver sa place parmi plusieurs autres dispositifs administratifs.

Après Etalab, après l’incubateur de start-up d’État, puis le guichet « Dites-le-nous une fois », c’est au tour d’un « Datalab » de voir le jour au sein de la direction interministérielle du numérique (Dinum), et plus particulièrement de son département Etalab. Un an et demi après la circulaire du Premier ministre sur l’ouverture et l’exploitation des données publiques, et malgré le départ de 2 de ses plus fidèles agents, Laure Lucchesi et Romain Talès, Etalab – qui sera dirigé à partir de janvier par Marielle Chrisment – devrait héberger ce tout nouveau « datalab » dès le début de 2023.

L’annonce a été faite par le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, à l’issue d’un comité interministériel réunissant les administrateurs ministériels des données, jeudi 15 décembre. L’ambition de Stanislas Guerini est de « poursuivre et accélérer la construction d’une politique publique de la donnée en concentrant les efforts sur des projets à impact, pour les agents publics, pour les usagers ou pour les politiques prioritaires du gouvernement », peut-on lire dans un communiqué du ministère.

Le Datalab cherchera « à accélérer les projets « data » grâce à une aide matérielle, technique, humaine et juridique », peut-on également lire. Et il sera doté pour cela d’une première enveloppe de 10 millions d’euros, résidu du plan de relance, pour cofinancer des projets ministériels d’exploitation des données. Les ministères pourront donc solliciter ce Datalab afin de bénéficier de ses conseils, mais aussi de financements, pour des projets entre 200 000 et 1 million d’euros, que ce soit pour mettre au point une carte interactive des prix des carburants, automatiser le contrôle des immatriculations au ministère de l’Intérieur ou encore simplifier l’accès aux bourses, repas et logement pour les étudiants. 

Freins techniques, juridiques et culturels

La création de ce nouveau Datalab, qui vient s’ajouter à de nombreux dispositifs existants à la Dinum pour accompagner les projets des ministères, constitue l’une des toutes premières réponses aux besoins remontés par les administrations lors de la consultation conduite par la nouvelle patronne de la Dinum, Stéphanie Schaer, pour dessiner la nouvelle feuille de route de sa direction.
« Je ne suis pas certain que cela simplifie la compréhension de l’offre de la Dinum », relève un agent de la direction, « mais l’idée est bien de donner un coup d’accélérateur à la circulation des données entre administrations, en le faisant avec les ministères, voire « à la place de » ». Nombreux sont en effet les freins à l’exploitation du plein potentiel de la donnée au sein de l’État, dont la bonne circulation est la condition de réussite de « l’administration proactive » promue par l’exécutif.

Les incertitudes juridiques, la vétusté des systèmes d’information qui empêche parfois d’en extraire les données et la faible disponibilité des compétences en données pénalisent le lancement des projets autour des données et de leur circulation, tout autant que les « freins psychologiques et organisationnels  », note un administrateur ministériel des données. « L’initiative vise à la fois à regrouper les différents types d’appui technique de la Dinum en matière de data, d’IA, de « Dites-le-nous une fois », pour en faciliter l’accès, et lancer des projets qui hésitent à se jeter à l’eau malgré leur impact potentiel, quitte à le faire pendant un temps au sein de la Dinum pour catalyser l’action du ministère concerné », fait-il observer.

Cadre sécurisé  

Outre ses précieux conseils, le Datalab devrait surtout, selon nos informations, fournir un cadre juridique et technique sécurisé pour faciliter le lancement des projets ministériels nécessitant dans certains cas de croiser des données sensibles. Par exemple, pour toucher les foyers aisés et propriétaires de 2 véhicules pour leur proposer d’en revendre un, le croisement entre les données fiscales et d’immatriculation permettrait de générer une liste de contact pertinente. 
À la manière des incubateurs de start-up d’État, dont la force de frappe découle en partie de leur relative liberté d’action, par-delà les silos et processus administratifs, le Datalab pourrait endosser la responsabilité juridique et technique d’innovations « ne pouvant émerger facilement dans le strict périmètre d’un ministère », selon une fiche descriptive du projet que nous avons pu consulter.

Son cadre d’action devrait s’appuyer sur un « cadre juridique d’intervention sécurisé pour les parties prenantes du projet », sur une « infrastructure technique sécurisée permettant le traitement de données non ouvertes » et sur la mobilisation des ressources humaines spécialisées en sciences des données au sein de la Dinum, notamment pour recourir aux technologies d’intelligence artificielle. De quoi, peut-être, enfin lever les réticences des ministères à exploiter leurs données et à les partager avec d’autres administrations. Mais aussi leur fournir un précieux renfort humain, alors que les 400 experts en données promis par Amélie de Montchalin en 2021 se font toujours attendre. (sic)

Par Emile Marzolf, acteurspublics.fr le 20 décembre 2022