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Informatique - Vers une sobriété numérique accrue

Pour l’État, le logiciel libre rime avec sobriété numérique

Le conseil “des logiciels libres” institué par la direction interministérielle du numérique a tranché : il ne fait aucun doute que l’utilisation des logiciels libres augmente la durabilité des ordinateurs, smartphones et autres objets connectés.

Parfois, les injonctions ne sont pas contradictoires. Pris en étau par de multiples réglementations et impératifs, les acteurs publics ne savent pas toujours sur quel pied danser. En matière de sobriété numérique, une chose est sûre : le logiciel libre, et donc l’ouverture des codes sources informatiques exigée par la loi Lemaire, est un précieux allié. C’est en tout cas ce qu’en dit une note produite pour le “Conseil des logiciels libres” [lire l’encadré à la fin de cet article] mis en place par la direction interministérielle du numérique (Dinum) à la suite du lancement du plan d’action de l’État pour favoriser l’usage et le développement par les administrations des “logiciels libres et communs numériques”, porté par la ministre de l’époque, Amélie de Montchalin.

Les membres de ce conseil d’expertise se sont penchés sur les “apports du logiciel libre à la durabilité des équipements”, qu’il s’agisse de smartphones, d’ordinateurs ou d’objets connectés. Avec une question de fond : faut-il recourir davantage aux logiciels libres pour réduire l’empreinte environnementale du numérique ? Cette empreinte du numérique est en effet estimée à 3-4 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre de la France, sur lesquelles pèse principalement la fabrication du matériel informatique. D’où les seuils minimum obligatoires d’achats de matériel reconditionnés dans la commande publique, en vigueur depuis un an dans les administrations d’État et les collectivités, et les incitations à écoconcevoir les services numériques utilisés dans le secteur public.

Le conseil ne s’est pas intéressé à la consommation énergétique des logiciels libres par rapport aux logiciels propriétaires que l’on trouve habituellement sur le marché, mais à la manière dont ils permettent d’optimiser la durée de vie des équipements et donc de limiter leur renouvellement. “La durabilité du matériel dépasse généralement celle du logiciel, dont la dynamique de renouvellement rend vite obsolètes les précédentes versions : certains matériels peuvent même devenir inutilisables, faute de logiciel permettant leur exploitation”, analyse une note de synthèse qui a permis de nourrir la position du conseil, et qui pointe en outre l’existence de “pratiques délibérées d’obsolescence programmée” aggravant le phénomène. Dans certains cas, des logiciels obsolètes peuvent toujours fonctionner en mode dégradé, mais pas sans ouvrir des failles de sécurité.

Durabilité des équipements 

Dans ce contexte, les logiciels libres constituent une bonne réponse. “Les matériels que l’on peut faire fonctionner avec du logiciel libre permettent de combler cette lacune, des développeurs tiers pouvant fournir des logiciels alternatifs permettant d’exploiter le matériel jusqu’au bout de son existence physique”, constate la note de synthèse, d’autant que le logiciel libre est très utilisé par les acteurs de l’économie sociale et solidaire et des filières du réemploi. Cette obsolescence est encore plus rapide pour les smartphones, et surtout les objets connectés associés à une application, “dont l’obsolescence marque la fin de vie de l’objet”.

Le conseil défend ainsi la possibilité d’installer un système libre pour pouvoir augmenter la durée de vie des appareils, à laquelle les fabricants opposent souvent un problème de garantie. “Un équipement qui « permet » l’installation d’un système libre n’y oblige personne : c’est donc un « plus » proposé à l’utilisateur, qui peut parfaitement conserver le système d’origine (et la garantie qui va avec, si elle existe toujours)”, estime le conseil.

Logiciels moins gourmands

Libres” par définition, les logiciels open source offrent davantage de marges de manœuvre à leur utilisateur, pour paramétrer son équipement et désactiver des fonctionnalités inutiles par exemple. Les systèmes d’exploitation libres seraient également moins consommateurs d’électricité. L’avis cite enfin plusieurs exemples de communes engagées. À Échirolles, dans l’Isère, 150 ordinateurs sont reconditionnés chaque année pour y installer le système d’exploitation Linux et allonger leur durée de vie. Dans l’Isère toujours, mais à Fontaine, 60 postes ont été reconditionnés avec Linux et donnés aux écoles et comme postes en libre service dans les bibliothèques par exemple. Les futurs reconditionnements seront, eux, destinés en priorité aux 600 agents de la municipalité.

En définitive, le Conseil voit dans le logiciel libre un moyen non seulement d’allonger la durée de vie des appareils et donc de limiter l’empreinte environnementale du numérique, mais aussi de lutter contre la fracture numérique en équipant des associations et citoyens. Deux objectifs sur lesquels les acteurs publics peuvent être moteurs.

Qui se cache derrière le conseil des logiciels libres ?
La direction interministérielle du numérique (Dinum) a créé, début 2022, un “conseil d’expertise et de mobilisation autour du plan d‘action logiciels libres et communs numériques”, lui-même dévoilé fin 2021. Ce conseil est composé de représentants des différents entités publiques : Agence de sécurité des systèmes d’information (Anssi), Dinum, Agence du patrimoine immatériel de l’État (Apie), les directions du numérique ministérielles et leurs administrateurs des données et des codes sources, Cnil, DGFIP, mais aussi l’Agence de mutualisation des université et établissements (Amue) et l’Association des développeurs et utilisateurs de logiciels libres pour les administrations et les collectivités territoriales (Adullact). Sont également associées les différentes organisations impliquées dans le logiciel libre, comme les associations Code for France, Software Heritage, April (Association de promotion et de défense du logiciel libre), ou bien encore le Conseil national du logiciel libre, ainsi que Mozilla. (sic)

Par Emile Marzolf, acteurspublics.fr le 8 février 2023