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L’État veut que les agents forment leurs collègues à la transition écologique

Le ministère de la Fonction publique lance un appel à volontariat afin de recenser les agents prêts à se mobiliser pour former leurs pairs à la transition écologique. Une manière, pour le gouvernement, de tenter d’atteindre son objectif de sensibiliser l’ensemble des fonctionnaires d’État aux enjeux environnementaux d’ici 2027.

Neuf mois après le lancement du chantier de formation des cadres à la transition écologique, le ministère de la Fonction publique passe la seconde pour accélérer le tournant écologique de ses troupes. Un appel à manifestation d’intérêt a été ouvert afin de recenser les agents de la fonction publique d’Etat souhaitant s’engager, au sein de leur administration, en faveur de la transition écologique. Les fonctionnaires ont ainsi jusqu’au 3 juillet pour faire savoir qu’ils sont prêts à devenir des "agents formateurs" auprès de leurs pairs, en remplissant une "démarche simplifiée".

Le projet s’inscrit dans le cadre des objectifs que s’est fixé le gouvernment de former les 25.000 hauts fonctionnaires à la transition écologique d’ici 2024, et l’ensemble des agents d’ici fin 2027. Pour rappel, les services déconcentrés en région Auvergne-Rhône Alpes ont été choisis pour expérimenter cette formation. "Pour parvenir à diffuser le plan de formation des cadres à grande échelle, il va nécessairement falloir changer de dimension et de méthode", explique Angel Prieto, chargé de mission Économie et Innovation au Secrétariat général aux affaires régionales (SGAR) d’Auvergne-Rhône-Alpes, qui assure le pilotage stratégique du programme en lien avec le cabinet du ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini. L’intérêt de cet appel en ligne est ainsi de mesurer les forces disposées à participer, en interne, à la transformation des services publics.

Réduire les coûts et augmenter l’efficacité
Faire assurer la formation des agents par les agents eux-mêmes permettra d’internaliser la compétence, et ainsi de réaliser des économies non négligeables. Mais l’intérêt n’est pas seulement financier pour Angel Prieto, qui considère la démarche comme un véritable changement de posture. "Alors qu’on a l’habitude d’un Etat prescripteur, cette initiative est celle d’un Etat de mise en réseau. Au lieu d’un rapport vertical et hiérarchique, ce changement de méthode invite les agents de tous les territoires, de toutes les administrations, à s’engager".

Pour le coordinateur du programme, ce projet vise également à atteindre le « dernier kilomètre », permettant de réaliser des effets concrets. "Bien qu’indispensables, les grands plans ne sont pas suffisants pour effectuer une transformation. Une fois lancé, il faut transformer l’essai et il n’y a pas de meilleure personne qu’un agent public pour parler à un agent public".

L’ensemble des strates de la fonction publique invitées à participer
Bien qu’il vise à faire des agents des formateurs, l’appel à volontariat ne concerne pas seulement les managers, bien au contraire. Le ministère espère recevoir des réponses positives de toutes les catégories de la fonction publique d’Etat. "Certains ne se sentent pas légitimes par rapport aux systèmes dans lesquels ils évoluent, alors que sur les enjeux écologiques chacun a quelque chose à apporter, des grands corps aux assistants de direction", assure Angel Prieto.

Sur le terrain, l’expert constate une forte envie d’agir, freinée par un certain nombre de blocages financiers et politiques sur lesquels les agents n’ont pas de prise directe. Il existe en revanche un frein sur lequel il est possible d’intervenir : l’action individuelle. "Beaucoup d’agents comprennent l’importance de l’enjeu mais ne savent pas quoi faire. Il est nécessaire d’institutionnaliser cette formation afin que chaque personne soit non seulement sensibilisée, mais qu’elle sache également comment s’engager", poursuit le coordinateur du programme.

Première étape d’un projet ambitieux

Et avant de pouvoir prendre la casquette de formateurs, les agents devront eux-mêmes suivre des enseignements. Par exemple, pour être en mesure d’animer La Fresque du climat, les agents devront suivre ladite formation ainsi qu’un programme spécifique délivrant des compétences d’animateur. Les modalités précises n’ont pas encore été déterminées, mais les heures de formation devraient se tenir durant le temps de travail des agents.

Pour le moment, aucun budget n’a été arrêté, le ministère de la Fonction publique attendant de connaître le nombre de personnes volontaires. "Nous sommes vraiment aux prémices du processus, qui consiste à recenser. Une fois que le nombre de personnes mobilisées sera défini, nous adapterons la stratégie en conséquence". A terme, au-delà de la simple formation, l’objectif est de créer des communautés d’agents engagés, qui rendraient possibles "l’échange entre pairs et le lancement de projets communs par le co-développement", espère Angel Prieto.

Le ministère ne s’est pas fixé d’objectif chiffré, notamment du fait du caractère inédit de la démarche. Mais parvenir à 10.000 agents motivés permettrait que chacun forme trois groupes de 15 personnes chaque année pendant trois ans. Et donc d’atteindre l’objectif de 2027.

PAR PHILIPPINE RAMOGNINO
22 juin 2023,
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