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Recours aux des cabinets de conseil : vers une "trajectoire d’emploi" pour la réinternalisation des compétences de conseil ? (sic)

L’État invité à mieux exploiter ses ressources internes en matière de conseil

Un an seulement après la mise en place de nouvelles règles de recours aux cabinets de conseil, une mission inter-inspections livre ses premières impressions. Elle invite notamment à définir une stratégie claire et une trajectoire d’emploi pour la réinternalisation des compétences de conseil.

On ne revient pas en un an sur des pratiques qui ont mis des années à se développer. De l’aveu même de l’inspection générale des Finances (IGF) à Bercy, la mise en œuvre des nouvelles règles de recours aux cabinets de conseil ne peut être qu’incomplète et imparfaite, compte tenu de la jeunesse du cadre. Pour autant, le rapport de la mission interinspections pilotée par l’IGF, publié le 9 mars, est riche d’enseignements sur la manière dont les administrations se sont approprié la circulaire, destinée à réduire les dépenses de conseil et à mieux les piloter et, dans le même temps, à développer les capacités internes de l’État.

Au-delà des bons chiffres affichés par les administrations en matière de réduction des dépenses – une baisse de 35 % entre 2021 et 2022, liée à une convergence de facteurs et pas uniquement au nouveau cadre –, la mission note que le dispositif mis en place par le gouvernement “est efficace (pour) encadrer le recours aux cabinets de conseil” et pour “maîtriser les débours correspondants.” Mais que sa mise en œuvre reste inégale selon les ministères et les établissements publics concernés.

Ce dispositif misait sur la création de comités ministériels d’engagement des dépenses, sur l’amélioration du suivi d’exécution, de l’évaluation des prestations ou bien encore sur le renforcement des compétences internes. Ce dernier objectif constitue le nerf de la guerre, puisqu’avec la réinternalisation des compétences, les achats de prestations externes ont “vocation à devenir moins sensibles et moins fréquents”, rendant probablement caduques, à terme, un certain nombre de mesures d’encadrement, estime l’IGF.

Structures de conseil internes

La mission estime en effet que la montée en compétences des administrations conduira mécaniquement à une baisse du recours à des prestataires extérieurs. Cette montée en puissance s’illustre très concrètement par le recrutement de consultants internes à la direction inteministérielle de la transformation publique (avec 25 postes supplémentaires, pour grimper à 60 consultants, tous domaines confondus), mais aussi dans les administrations. Celles-ci sont en effet priées de bâtir leur propre structure de conseil interne, dont les feuilles de route et doctrine d’emploi ne sont, juge l’IGF, “pas encore clairement partagées”, faute, notamment, de qualification du besoin et d’arbitrage entre le “faire” et le “faire faire”, que ce soit par des consultants internes ou externes, pour le second.

La mission incite à ce titre à concentrer les efforts d’internalisation sur les tâches et missions prioritaires et qui ne sont plus maîtrisées de bout en bout par l’administration, quitte à externaliser d’autres tâches moins stratégiques. Elle prend notamment pour exemple le “Consultancy Playbook” (livre de bonnes pratiques de conseil) du gouvernement britannique, lequel impose la vérification systématique de l’existence de ressources internes capables de répondre à la demande avant toute commande auprès d’un cabinet privé.

Autre point de vigilance : cette dynamique de renforcement du conseil interne se traduit jusqu’à présent par la réinternalisation de consultants des cabinets privés, et pas assez par le renforcement des capacités internes déjà en place. “Les recrutements se font essentiellement dans les cabinets de conseil externes, vivier naturel, mais qui ne doivent pas être exclusifs de l’activation d’autres gisements de capital humain, en particulier en interne”, indique ainsi l’IGF, qui note que les actions en cours “vont dans le sens d’une réinternalisation effective des ressources, mais ne s’inscrivent pas encore dans un plan d’ensemble cohérent et stratégique ayant pour objet le renforcement des compétences.”

Mobiliser les ressources existantes

Autrement dit, le conseil interne gagnerait à s’appuyer davantage sur les ressources existantes au sein de l’État, et à ne pas se limiter aux seuls “consultants”, qui ne représentent que 40 % des effectifs des cabinets de conseil, lesquels disposent par exemple de compétences en ingénierie des données.

La mission invite également les ministères à s’appuyer davantage sur la diversité de l’expertise disponible, et en particulier celle des agents en charge de la politique publique concernée, des membres des inspections générales ou bien encore des fonctionnaires sans affectation à temps plein. Leur mobilisation suppose toutefois de savoir les “identifier, de conforter leurs compétences sur le métier, les méthodes et la culture du conseil, en respectant leur spécificité, pour qu’elles puissent s’exercer en complémentarité” avec les nouveaux consultants internes et les prestataires privés. Mais cela implique aussi la mise en place de “mécanismes d’appariement outillés et partagés, efficaces, légers, couvrant ressources et besoins, et activables rapidement.” (sic)

Par Emile Marzolf, acteurspublics.fr le 15 mars 2023

En lien avec le sujet, relire notre publication du 31 octobre 2022