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Vers une augmentation de salaires pour les métiers du numérique

Un rapport rendu public le 15 juin estime que l’Etat doit recruter 2 500 spécialistes du numérique par an. Un défi colossal alors que la filière demeure en tension, et que la fonction publique peine à s’adapter. Le ministre Stanislas Guerini promet notamment de revaloriser la grille des salaires des professionnels du numérique et de lui conférer une plus grande force obligatoire.

Recruter 2500 experts du numérique par an. Tel est le défi que devra relever l’État dans les cinq prochaines années s’il entend pourvoir les 3 500 créations de postes nécessaires à la conduite de sa transformation numérique. “Un effort de rattrapage considérable”, selon le rapport de la mission chargée de réfléchir à la gestion des 21 000 agents publics spécialistes du numérique, remis au ministre Stanislas Guerini le 16 juin à Vivatech. Le rapport de l’Inspection générale des Finances et du Conseil général de l’économie, documente des réalités déjà bien connues, que les différents plans d’action lancés ces-dernières années n’ont pas permis d’améliorer suffisamment : inadéquation des compétences avec les besoins, marque employeur poussiéreuse, gestion des parcours “inexistante”, processus de recrutements et mobilité compliqués, salaires trop faibles…

Autant d’écueils liés à un désinvestissement de l’Etat dans les compétences numériques, “au prix d’une forte externalisation”, analyse la mission. Les prestations informatiques ont ainsi augmenté de 16 % par an au cours des 5 dernières années, alors que les effectifs internes se sont eux “légèrement” contractés. Une externalisation jugée excessive pour assurer la maîtrise par l’Etat de son informatique, et qui entraînerait un surcoût de 20 % pour ses projets numériques.

Départs en retraite
L’effort de recrutement sera “considérable” pour plusieurs raisons. D’abord, l’Etat devra déjà parvenir à maintenir ses effectifs dans un domaine du numérique où la pyramide des âges est inquiétante. L’âge moyen des spécialistes du numérique, fonctionnaires comme contractuels, est de 47 ans, soit 3 ans de plus que la moyenne de la fonction publique d’Etat. “La première conséquence concerne les compétences : la moitié des effectifs numériques a reçu une formation initiale il y a plus de 20 ans, ce qui, dans un contexte d’évolutions techniques rapides, crée un risque d’obsolescence des compétences sauf à fournir un effort soutenu de mise à jour”, observe le rapport. L’Etat doit en outre se préparer à une vague de départs en retraite : plus des deux-tiers des personnels pourrait partir à la retraite dans les dix prochaines années. Autre complication : la mission constate une augmentation du turn-over, dans la mesure où la part de contractuels - recrutés pour pallier un manque de compétences - ne cesse d’augmenter, passant de 10 % des foces vives du numérique en 2016, à 17 % aujourd’hui. Or, ces contractuels sont encore trop souvent en CDD, déplore la mission, y compris au sein de la DSI de l’Etat.

Plus généralement, la mission revient sur les difficultés rencontrées par l’Etat, certes pour attirer et recruter, mais aussi pour fidéliser. Le rapport juge que la gestion des parcours au sein de l’Etat est “presque inexistante”, pour les contractuels comme pour les fonctionnaires. Un expert du numérique de l’Etat contractuel expliquait encore récemment à Acteurs publics être resté contractuel, car la titularisation dans la fonction publique se serait faite sans la prise en compte de toutes ses années de carrière. Avec un impact non négligeable sur son échelon et son salaire. “L’animation RH de la filière numérique n’existe pas assez, avec peu de mobilité interministérielle et de valorisation de ces métiers dans la structure administrative”, reconnaît l’entourage de Stanislas Guerini, malgré le plan d’actions en 33 mesures lancé en 2019 pour “attirer, recruter et fidéliser les compétences” de la filière numérique.

Revalorisation salariale
Des travaux seront engagés pour donner suite aux conclusions du rapport, promet le ministère. Qui s’est déjà emparé de plusieurs pistes. La question des plafonds d’emplois sera abordée dans le cadre de la préparation des prochains budgets de l’Etat, pour le PLF 2024, mais surtout pour le PLF 2025, le calendrier budgétaire étant déjà bien avancé. Un recensement a été lancé par la DINUM pour identifier les fonctions stratégiques qui mériteraient d’être internalisées et le nombre de postes adéquats.

Sans attendre ces postes supplémentaires, l’apprentissage sera, et est déjà depuis quelques semaines en réalité, renforcé, afin de permettre aux ministères d’accorder une aide à la formation de 5 000 euros, soit 2 000 euros de plus que pour les apprentissages. “Le rapport montre que le sens de l’intérêt général est un terreau fertile pour attirer les jeunes, mais qu’ils n’ont pas connaissance des métiers de la fonction publique”, justifie le cabinet du ministre de la Transformation et de la fonction publiques. Le rapport préconise également d’amplifier et de généraliser l’application du référentiel des rémunérations des métiers en tension. Un référentiel d’abord limité à 15 métiers, puis étendu à 56 métiers début 2022. De nombreux agents ont déploré auprès d’Acteurs publics, non seulement le manque de transparence autour de cette grille difficile à se procurer, mais surtout son caractère totalement facultatif. “Cette grille, qui ne s’impose pas aux administrations, sera actualisée à l’automne pour revoir les niveaux de salaires, assure le cabinet de Stanislas Guérini, mais aussi pour renforcer son application”. Par voie de circulaire cette fois.

PAR EMILE MARZOLF
19 juin 2023
Acteurs Publics, accéder à l’article initial