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Télétravail : le revers de la médaille…

Le télétravail creuse les inégalités entre les femmes et les hommes

Le télétravail devait être synonyme de progrès en apportant de la souplesse à l’organisation du travail. Il semble pourtant que l’accélération de la pratique ait contribué à creuser les inégalités femmes-hommes. C’est, en tout cas, ce que pointe un récent rapport du Haut conseil à l’égalité (HCE).

Généralisée pendant le premier confinement et accélérée par la crise sanitaire, la pratique du télétravail fait aujourd’hui partie intégrante de la plupart des collectifs de travail, aussi bien dans le secteur public que dans le privé. Selon les derniers chiffres publiés par la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP), 19 % des agents de la fonction publique ont télétravaillé au moins un jour par semaine au cours de l’année 2021. Un taux qui atteint 22 % dans le privé. La direction pointe également que, dans la fonction publique, la part des femmes télétravaillant (20 %) est très légèrement supérieure à celle des hommes (17 %).

Si cette flexibilité des modes de collaboration était censée apporter de véritables progrès, il semble que la pratique ait, dans le même temps, contribué à creuser davantage les inégalités entre les femmes et les hommes. C’est d’ailleurs ce que pointe un rapport du Haut conseil à l’égalité (HCE) entre les femmes et les hommes, qui alerte sur les enjeux spécifiques que le télétravail représente pour les femmes dans le privé comme dans le public.

On y apprend notamment que pendant le premier confinement, les hommes étaient 39 % à disposer d’une pièce dédiée au télétravail contre 25 % des femmes, et que les femmes sont plus nombreuses à partager leur pièce avec d’autres personnes. Pendant cette période, 48 % des femmes en télétravail vivaient avec un ou plusieurs enfants contre 37 % des hommes. Enfin, 44 % des femmes ayant des enfants de moins de 16 ans ont indiqué ne pas pouvoir travailler au calme contre 31 % d’hommes. Plus loin, les femmes ont 1,5 fois plus de risque d’être fréquemment interrompues dans leur travail. Le rapport pointe également que le télétravail présente un risque pour la santé physique et mentale des femmes, de même que la pratique a des impacts sur le reste de leur carrière.

Maintenir un équilibre entre présentiel et distanciel

Dans ce contexte, le HCE préconise une série de mesures dites “transversales” à destination des employeurs. Parmi elles, l’importance de croiser les négociations sur le télétravail avec l’égalité professionnelle en intégrant le sujet dans les accords relatifs à l’égalité professionnelle et à la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT).
Le HCE préconise également de maintenir un équilibre entre présentiel et distanciel. L’idée est de circonscrire le nombre de jours télétravaillables pour que le travail à distance à 100 % soit limité à des situations exceptionnelles et encadrées, et d’instaurer des réunions d’équipe en présentiel pour prévenir le risque d’isolement.
Parmi les autres pistes avancées, on peut citer la mise en place d’un outil statistique national avec des données genrées quantitatives et qualitatives sur le télétravail et l’idée de favoriser les travaux de recherche sur ce sujet afin de pouvoir suivre dans le temps son impact sur l’égalité professionnelle.

D’autres préconisations plus spécifiques sont également avancées comme le développement des mesures de prévention des violences sexistes et sexuelles en situation de travail en y intégrant un volet sur les violences domestiques, ou encore une accélération du télétravail dans des tiers-lieux pour éviter l’isolement.
Il est également préconisé de garantir le droit à la déconnexion, non seulement pour éviter que la charge mentale et effective des femmes ne s’accentue, mais aussi pour restreindre les effets de réseaux “encore très masculins qui s’exercent généralement en dehors des horaires de travail”.

En conclusion, le HCE s’interroge sur l’impact à long terme du télétravail sur les inégalités femmes-hommes. “Une pratique qui doit constituer un véritable sujet de recherche et être investiguée par le biais d’une production de données statistiques genrées”. (sic)

Par Marie Malaterre, acteurspublics.fr le 28 février 2023