Section du LOIRET
 Cité Administrative Coligny - Local FO - Bât F1
131 rue du Faubourg Bannier
45042 ORLEANS Cedex 1
 06-38-04-96-56  fo.drfip45dgfip.finances.gouv.fr

Formation à l’écologie des 25 000 cadres de l’État - Et si on commençait par des gestes pourtant simples : éteindre tous les PC maintenus en veille prolongée durant la nuit… ?!?

Comment la formation à l’écologie des 25 000 cadres de l’État va se dérouler

L’Institut national du service public a lancé un appel d’offres pour préparer l’ensemble des cadres dirigeants de la fonction publique d’État à faire face au dérèglement climatique, mais aussi pour former de futurs animateurs parmi les agents sensibilisés, dont la mission consistera à former à leur tour les 2,5 millions d’agents publics de l’État. Explications.

De 200 directeurs à 25 000 cadres. Entamée en octobre par les directeurs d’administration centrale, la formation des hauts fonctionnaires s’apprête à changer d’échelle pour s’étendre à l’ensemble des cadres supérieurs de la fonction publique d’État. Un premier élargissement, avant une extension aux cadres des fonctions publiques hospitalière et territoriale, puis à l’ensemble des 5 millions d’agents publics.

Alors qu’une expérimentation a démarré lundi pour commencer à former les préfets de la région Auvergne-Rhônes-Alpes, l’Institut national du service public (INSP) a de son côté lancé, le 23 mars, un appel d’offres pour permettre aux ministères de déployer eux-mêmes des formations auprès de leurs agents, dès cet été. “Le monde est entré dans une nouvelle ère géologique qui se caractérise par l’avènement des hommes comme principale force de changement sur terre : l’anthropocène”, peut-on lire dans le dossier de consultation. Un changement fondamental qui pose de nombreux défis à l’humanité, en matière de protection de l’environnement, de réduction des sources de pollution, de transformation de l’aménagement urbain. Et qui nécessite d’adopter une “approche interdisciplinaire et systémique” pour conjuguer “le temps court de la décision et de l’urgence et le temps long de la recherche et de la concertation.”

La formation devra permettre aux cadres supérieurs de l’État à la fois de mobiliser des connaissances théoriques et des connaissances techniques, tout en renforçant leurs “capacités cognitives et managériales.” Le marché vise une cible maximale de 35 000 personnes formées : chefs de service, sous-directeurs, experts de haut niveau, directeurs de projet… Il couvre l’ensemble des ministères et leurs services déconcentrés, les ambassades ainsi que divers institutions et établissements, comme l’INSP et l’École nationale supérieure de sécurité sociale, la Caisse des dépôts, l’Assemblée nationale et le Sénat, ou encore le Conseil d’État et la Cour des comptes. Soit quelque 3 200 ateliers de sensibilisation et de mise en pratique.

La formation prévue par le marché est en effet décomposée en 2 lots, l’un portant sur l’animation d’ateliers de sensibilisation aux enjeux écologiques, et l’autre sur l’organisation d’ateliers de mise en pratique “des leviers accélérateurs de la transition écologique.” Et ce pour “atteindre le double objectif tout d’abord d’une prise de conscience et d’une compréhension de l’ampleur des enjeux climatiques, de biodiversité et de ressources naturelles, mais aussi des perspectives d’action suffisamment approfondies et opérationnelles”, nous dit le dossier de consultation. Ces deux ateliers devraient être complétés de conférences d’experts.

8 heures de formation

Les ateliers se dérouleront en deux sessions de 4 heures et mobiliseront “une pédagogie active” fondée sur "l’intelligence collective” des 9 à 13 participants, par exemple en organisant des fresques du climat ou des ateliers “2 tonnes”, déjà suivis par les directeurs d’administration centrale. L’animateur aura pour mission de “favoriser la mise en commun des contributions individuelles, la mise en interaction des connaissances, idées, opinions, questionnements, doutes de l’ensemble des participants pour faire émerger, au-delà des représentations qui sont exprimées, une représentation partagée et objectivée, fondée sur des connaissances scientifiques établies.”

Les participants bénéficieront en outre d’une bibliographie, d’une synthèse des enseignements, et d’un référentiel scientifique et de politique publique pour chacune des “3 crises majeures”. Avec l’objectif que les cadres soient, à l’issue de la formation, capables de “citer les ordres de grandeur des enjeux prioritaires de transition écologique et les interactions systématiques au regard des trois crises (climat, ressources, biodiversité) pour les prendre en compte dans la conception des politiques publiques”, mais aussi de mener “un diagnostic de leur organisation ou de leur activité notamment en matière d’empreinte carbone et d’identifier des moyens pour réduire celle-ci”, ou encore “d’identifier des actions concrètes permettant d’opérer des transformations organisationnelles et comportementales pour répondre aux enjeux de transition écologique.”

Internaliser la formation

Ce marché ne vise pas simplement à trouver un prestataire pour former les agents publics, mais à internaliser l’organisation de ces formations au sein de l’État. En formant des animateurs, mais aussi des formateurs d’animateurs. “Pour le déploiement à terme de cette formation, il est notamment prévu la constitution d’un vivier interne d’animateurs et formateurs d’animateurs constitués d’agents de la fonction publique d’État volontaires, sans distinction de catégorie”, peut-on lire dans les documents du marché.

Au total, 500 agents pourront suivre une formation de 28 heures pour animer à leur tour la formation des autres agents, et former encore davantage d’animateurs, de manière à déployer la formation en cascade à tous les niveaux. Après avoir suivi eux-mêmes les ateliers de sensibilisation et de mise en pratique, ces agents volontaires feront évoluer leurs compétences d’animation, de pédagogie et de mobilisation de leurs propres connaissances et pourront s’appuyer sur les contenus utilisés par les prestataires, qui en céderont les droits d’utilisation. De quoi permettre, sur le papier, de former ensuite l’intégralité des agents publics de l’État. (sic)

Par Emile Marzolf, Acteurs Publics le 29 mars 2023

En lien avec le sujet, relire nos publications des 30 octobre 2022 et 29 mars 2023